Universitaire spécialisé dans les questions syndicales, le sociologue Nasser Djabi intervient régulièrement dans le débat politique. Dans cet entretien à bâtons rompus avec Liberté, il fait une évaluation de la campagne électorale. D'emblée, Nasser Djabi regrette l'absence “de débat contradictoire”. Il déplore aussi le fait que “les possibilités de communication qu'offre la télévision ne soient pas exploitées”, en l'occurrence les face-à-face entre les candidats pour décortiquer les projets qu'ils proposent aux Algériens. Une personne on l'écoute et on la voit surtout. Pour lui, “dans les meetings, les citoyens n'ont pas eu la possibilité de faire de comparaison entre ce que proposent les six candidats”. Pour le sociologue, cette manière de faire, à l'occasion d'une campagne “censée être l'occasion d'une mise à plat”, nous ramène “à la première année primaire de la pratique politique”. Sinon Djabi estime que “le climat général qui a prévalu au cours de cette campagne reflète l'état de la chose politique en Algérie”, qui se caractérise, selon lui, par un manque d'intérêt de la part du citoyen lambda. Il note, par ailleurs, dans les discours des candidats une tendance à la logorrhée en ce sens qu'ils n'ont pas avancé de chiffres. “Pas de chiffres, pas de concret, la société n'est pas disposée à écouter des états d'âme, même s'il y a des choses intéressantes qui sont dites”. En revanche, Nasser Djabi estime que la campagne électorale aura été propre dans la mesure où, se félicite-t-il, “il n'y a pas eu de dérapages verbaux de la part des candidats qui font œuvre de pédagogie”. Notre interlocuteur insiste aussi sur le climat sécuritaire dans lequel s'est déroulée la campagne. “Il n'y a pas eu d'attentats terroristes, les candidats se sont déplacés en toute liberté dans toutes les régions du pays, ils ont rencontré les citoyens et en toute sécurité, ce qui est de mon point de vue une excellente chose.”