La candidate du PT exprime sa fierté quant à la campagne menée par son parti et de “l'orientation” qu'elle lui a donnée. Il était environ 20h30 jeudi, lorsque Djelloul Djoudi, le bras droit de Louisa Hanoune, rejoint le groupe de journalistes qui papotaient dans la cour du siège du Parti des travailleurs, dans le quartier d'El-Harrach. “Les nouvelles ne sont pas bonnes”, se contentait-on de répondre à une question sur le déroulement des opérations de dépouillement. Quelques minutes après, c'est Mme Hanoune qui sort de ses bureaux. La candidate fulmine. “Jamais, on n'a vu de telles déviations.” Elle fait part de plusieurs cas de fraude avérés dans plusieurs wilayas de l'intérieur du pays mais aussi à Alger où ses représentants ont été empêchés d'assister au dépouillement et les urnes déplacées. Le bourrage des urnes semble avoir pris, selon la candidate, une ampleur ahurissante à Bordj Bou-Arréridj, El-Tarf, Batna, Sétif, Khenchela et Bouira. “On a sorti les gens des bureaux de vote juste avant le début de l'opération de dépouillement”, indique-t-elle. Déjà dans la matinée, Mme Hanoune avait annoncé aux journalistes que des “dérapages” avaient été enregistrés “çà et là”, citant le cas de Beni-Merad, dans la wilaya de Blida, où l'on a découvert une urne avant le début du vote contenant 184 bulletins de Bouteflika. À Batna, ce sont les militants du parti qui ont été empêchés d'accéder aux bureaux de vote. À Annaba, c'est la permanence du parti qui a été saccagée et le micro contenant des données volé. Mais, la candidate se dit, malgré tout, “sereine”. Elle met ces “agissements” sur le compte de “la panique du système de parti unique pour qui il est difficile d'accepter la démocratie”. “Ceux qui ont pillé le pays, toutes ces fortunes amassées sur le dos de l'argent public, tous ces nouveaux riches, toute cette maffia, ça ne leur plaît pas que les choses se passent dans la sérénité”, lâche Louisa Hanoune. Elle assure que tout est rentré dans l'ordre après la saisine des services du ministère de l'Intérieur qui auraient, selon elle, “réagi rapidement”. En accomplissant son devoir électoral à l'école Oumaïma, près de la rue Khelifa-Boukhalfa, à Alger-Centre, la candidate était agréablement surprise de voir dans le centre des dizaines de jeunes filles formant une queue pour voter. “Ce sont les stagiaires de l'école de police d'Aïn Benian”, précise de suite un journaliste. Rencontrée dans l'après-midi au siège national du parti, Mme Hanoune semble garder sa sérénité. Elle exprime même sa joie devant “l'engouement des citoyens, notamment les femmes et les jeunes durant cette journée”. “Il y a réellement un engouement. Je l'ai constaté de mes propres yeux. La majorité, et particulièrement les jeunes, veulent dire leur mot.” Pour elle, c'est une preuve de “la détermination des citoyens à entériner la rupture avec le parti unique”, coupable, dit-elle, d'être “un obstacle à la marche du pays vers le développement”. Mme Hanoune dit aussi sa fierté quant à la campagne menée par son parti et de “l'orientation” qu'elle lui a donnée. Pourtant, elle ne manque pas de signaler d'autres dérapages dans plusieurs régions du pays. Bourrage d'urnes, observateurs du parti interdits d'entrer dans les bureaux de vote, bulletins de la candidate rayés au stylo, vote par procuration. Elle fait part d'un autre phénomène enregistré dans plusieurs communes de la capitale. De nombreuses personnes n'ont pas trouvé leurs noms sur les fichiers des bureaux de vote où ils ont l'habitude d'accomplir leur devoir électoral. “Le fichier électoral a été bien assaini”, ironise la candidate. Et lorsqu'un des journalistes présents dans la salle ose une question sur les chances de Louisa Hanoune de décrocher la deuxième place, la candidate esquisse un sourire révélateur. “Pour nous, la question ne se pose même pas. C'est une évidence. Nous sommes le seul vrai parti dans la course”, rétorque-t-elle. Pour la candidate du PT, le combat à mener au bout est celui contre le parti unique. “Les Algériens ont compris que le problème de l'Algérie c'est comme la canne qui est tordue par le haut”, relève-t-elle. Hamid SaIdani