Photo : S. Zoheïr Par Faouzia Ababsa Visiblement, les réactions virulentes du FLN à l'encontre du PT après que ce dernier eut conclu un accord politique avec le RND, n'ont pas laissé indifférente la formation politique dirigée par Mme Hanoune. Elle y est longuement revenue, hier, à l'occasion de la conférence de presse qu'elle a animée au siège du PT à El Harrach, à l'issue de la tenue de la dernière session du comité central de l'année en cours. Elle a exprimé la surprise et l'incompréhension de son parti quant aux attaques «injustifiées» de deux députés du FLN et même par le secrétaire général de l'ex-parti unique en personne. La conférencière expliquera que le RND a pris attache avec son parti le 20 juin dernier pour entamer des discussions sur le renouvellement partiel du Sénat. Cette discussion a été reportée à la rentrée sociale. «Je n'ai cessé de dire publiquement, aussi bien à la radio que dans la presse écrite, que nous avions des discussions avec le Rassemblement national démocratique. Donc, tout le monde le savait.» Elle ajoutera que l'accord conclu avec la formation de M. Ouyahia est national en raison du caractère de l'institution qu'est le Conseil de la nation. «Le sénateur n'est ni un président d'APW ni celui d'une APC qui gèrent le quotidien de leur localité. Le sénateur est investi d'une mission nationale, il devient législateur.» Mme Hanoune indiquera que son parti a décidé, quand même, «de soutenir les candidats du FLN à Alger et à Oran. Pour le premier, il s'agit d'un syndicaliste qui, de surcroît, est parrainé par Abdelmadjid Sidi Saïd, qui nous l'a confirmé. Pour celui d'Oran, c'est un ministre (elle ne citera pas son nom, ndlr) qui nous a sollicités et nous avons donné notre accord en raison des positions de ce responsable.» Et la secrétaire générale du Parti des travailleurs de lancer : «Nous nous sommes interrogés au parti et même lors du comité central sur ce qui dérangeait dans cet accord pour que pareilles attaques soient dirigées contre nous.» Ce sont certainement «les 9 points contenus dans l'accord», pense encore Louisa Hanoune. Laquelle estime que le RND est un parti centriste qui peut avoir des positions de gauche ou d'autres de droite. «Nous n'avons pas conclu d'accord avec l'extrême-droite.» De plus, ajoutera la conférencière, le «FLN n'a jamais été notre allié naturel. Nous avons avec lui et depuis 2003, année où il changé son programme en supprimant toute référence au socialisme, des divergences de fond. Celui qui peut être notre allié naturel, c'est plutôt celui avec lequel nous partagions beaucoup de choses et avec lequel nous avons mené beaucoup de combats, notamment sur l'Assemblée constituante souveraine. Toutefois, nous avons rompu avec sa direction et non pas avec la base, en raison de divergences importantes sur la question de la souveraineté», allusion à la position du FFS sur l'internationalisation de la crise dans laquelle était plongé le pays. Revenant au FLN, elle dira : «Nous sommes un nid d'abeilles, si l'on s'attaque à nous, nous nous défendrons. Et si les insultes et les agressions verbales continuent, je serais contrainte de faire des révélations et de citer des noms de responsables. Je ne l'ai pas fait jusqu'à présent par égard aux militants de ce parti que nous respectons.» Elle annoncera aux journalistes présents que les militants du PT voteront à blanc lors du renouvellement qui aura lieu demain dans trois wilayas. «Ce n'est pas pour nous venger du FLN, mais c'est une question d'honneur et de défense du parti.» Mme Hanoune informera également que le PT a trouvé une méthode pour s'assurer que les voix du parti aillent au RND. Si en revanche nous avons la preuve que l'un de nos élus a accepté les pressions et la corruption, il sera immédiatement exclu, comme nous l'avons fait en 2005 pour le responsable du PT à Guelma. A la question de savoir ce qui s'est réellement passé lors de sa rencontre avec Belkhadem, Mme Hanoune nous dira que c'est lui qui a demandé à la voir en disant que c'était juste une visite de courtoisie, puisqu'on savait déjà que nous avions conclu l'accord avec le RND et qu'il ne restait plus que la signature du document. «Nous avons discuté de beaucoup de choses. Croyez-moi, ce ne sont pas des nuances dans les positions, mais des divergences de fond sont finalement apparues.» Invitée à commenter la déclaration du chargé de la communication du FLN, selon laquelle l'accord entre le RND et le PT a provoqué un séisme au sein de l'alliance, la présidente du groupe parlementaire du Parti des travailleurs a lancé : «Dieu fasse que cette alliance explose, car c'est un véritable rouleau compresseur qui nous a fait reculer et empêché toute idée de débat, de l'avis même des militants de ces trois partis.» Par ailleurs, Louisa Hanoune a indiqué que le comité central du PT, réuni pendant trois jours, a dressé le bilan de ses activités et tracé les perspectives pour 2010. Elle a annoncé l'organisation par son parti de la Conférence mondiale ouverte qu'abritera l'Algérie. «C'est une première en Afrique. La conférence aura lieu les 19, 20 et 21 novembre 2010».