Il ne faudrait pas perdre de vue que les narcotrafiquants bénéficient de réseaux internationaux très solides, au point que ce business de la mort est classé premier générateur de revenus dans le monde bien avant le pétrole et les armes. On n'en est plus à une question de grammes ou de kilogrammes. Le trafic de drogue en provenance du Maroc bat tous les records et il n'est pas exclu que les bilans qui seront tirés à la fin de cette année dépasseront tout entendement. Des tonnes et des tonnes sont saisies par la gendarmerie non seulement aux frontières mais aussi au niveau des ports. Les narcotrafiquants du royaume chérifien ont-ils décidé, avec la bénédiction des cartels algériens, d'inonder le pays de kif ? Et quel est l'objectif visé à travers ce forcing ? Les médias marocains ont beau montrer les opérations de lutte contre la drogue menée sur le territoire de Sa Majesté, mais les quantités saisies en Algérie laissent penser à une stratégie médiatique qui tend à berner les autorités algériennes par une prétendue bonne volonté de Rabat. Des observateurs au fait du dossier relèvent que l'aggravation du trafic de drogue au niveau des régions de l'ouest du pays tiendrait aussi d'un certain dépit des autorités marocaines qui voient leurs demandes incessantes de réouverture de la frontière essuyer un refus catégorique d'Alger. Mais il faut dire aussi que les cartels marocains ne sont pas seuls responsables de cette situation. Si les agriculteurs de Maghnia avaient récemment dénoncé une complicité criminelle de lobby maroco-algérien à la frontière, il ne faudrait pas perdre de vue que les narcotrafiquants bénéficient de réseaux internationaux très solides, au point que ce business de la mort est classé premier générateur de revenus dans le monde bien avant le pétrole et les armes. L'évolution dangereuse du trafic de drogue en Algérie nécessite une réflexion approfondie afin de mettre en œuvre une stratégie nationale de lutte et de prévention. Des sondages ainsi que des études ont révélé que la consommation du kif se répand de plus en plus pour toucher aujourd'hui même des lycées. Une riposte devient urgente. Car il faut bien se rendre à l'évidence que si le trafic de cannabis n'est pas stoppé et que ses réseaux ne sont pas démantelés rapidement, il sera difficile d'y faire face plus tard une fois que les narcotrafiquants se seraient organisés en cartels. S. T.