La cocaïne en Algérie, ce n'est plus une crainte, mais un fléau enraciné dans les milieux fortunés. Des informations qui parviennent à l'Office national de lutte et de prévention contre la drogue et la toxicomanie font part de sa consommation par des personnes issues de familles aisées, dans des cercles fermés, discothèques et autres cabarets de luxe. De par leur statut social, ces consommateurs se sentent protégés des descentes des différents services impliqués dans la lutte contre les stupéfiants. Si pour l'instant, la consommation de la cocaïne reste confinée dans un milieu restreint, c'est en raison essentiellement de son prix oscillant entre 8 000 et 12 000 dinars le gramme. Dans quelques années, la drogue de la “jet-set algérienne” va probablement se démocratiser pour atteindre même les couches populaires avec un prix au détail qui sera revu à la baisse. Plusieurs éléments plaident en faveur de cette éventualité. À 900 millions de centimes le kilogramme, les narcotrafiquants, pense Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte et de prévention contre la drogue et la toxicomanie, seraient sur le point de transférer leurs activités criminelles du cannabis, dont la demande mondiale a baissé conséquemment, à la cocaïne, très demandée aujourd'hui notamment dans les milieux les plus aisés en Algérie et partout ailleurs. “Les cartels colombiens cherchent à mettre un pied dans notre pays. Nous disposons de toutes les informations qui le prouve”, dit-il. Trouvant de plus en plus de difficultés à tromper les contrôles frontaliers des pays européens, les cartels colombiens tentent de transiter par l'Algérie. Un itinéraire, moins cher et moins risqué. L'année dernière, la Marine française a intercepté un navire panaméen avec une cargaison de 3 tonnes de cocaïne à destination de notre pays. Une année auparavant, la police espagnole a démantelé un réseau de narcotrafiquants à Barcelone qui s'apprêtait à expédier en Algérie au moins une tonne de cocaïne. Des immigrants clandestins s'adonnent également à cette activité pour financer leur voyage et se faire délivrer de faux visas et parfois de faux passeports. Un ressortissant malien vient d'être condamné à sept ans de prison par le tribunal d'Alger pour importation et transport de cocaïne. Il a été arrêté à l'aéroport international d'Alger en possession de 29 capsules contenant 766 grammes de cocaïne dont une partie dans son estomac. Les trafiquants cachent, en effet, souvent la drogue dans l'estomac des passeurs. Des capsules hâtivement fabriquées qui peuvent s'ouvrir dans le tube digestif et provoquer la mort du passeur. En dehors de la Colombie, la cocaïne arrive de la région subsaharienne, notamment du Cap-Vert, du Niger et de la Mauritanie. Ces filières tentent d'avoir une présence en Algérie, surtout afin de mieux atteindre le marché européen par le bais des navires algériens, moins sujets à des fouilles systématiques. 800 grammes de cocaïne ont été saisis en 2008 contre 27 en 2007. Un indice grave, selon M. Sayah, qui pense que la prévalence de la consommation de tout type de stupéfiants est en constante hausse dans le pays au point où pour circonscrire ce fléau, il faudra un jour franchir le pas de la légalisation de certaines drogues comme l'ont fait certains pays comme la Hollande avec ses fameux “coffee shop”.