Sans surprise, le Conseil constitutionnel a donné sa bénédiction au plébiscite du candidat Abdelaziz Bouteflika lors de la dernière élection présidentielle. Les résultats proclamés officiellement avant-hier par l'institution de Boualem Bessaïeh ne diffèrent pas beaucoup de ceux préliminaires, annoncés vendredi dernier par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Yazid Zerhouni. Mieux, ils ont connu une légère hausse. Ainsi le taux de participation de 74,57% livré par M. Zerhouni est porté à 74,56%. Le score du candidat Abdelaziz Bouteflika qui, selon les chiffres du ministre de l'Intérieur, aurait amassé 12 911 707 voix a été amélioré en atteignant les 13 019 787 voix. Outre le chef de l'Etat, la grande bénéficiaire du tamisage du Conseil constitutionnel est la candidate du PT, Louisa Hanoune qui a vu son résultat garni de quelques dizaines de milliers de voix supplémentaires pour atteindre les 649 632 voix au lieu des 604 258 du vendredi. Le candidat du parti islamiste El-Islah, Mohamed Djahid Younsi, a lui aussi obtenu “réparation” en voyant son score, qui était de 176 674 voix, élevé à 208 549 voix. Donné par M. Zerhouni comme bon dernier, le candidat Mohamed Saïd s'est vu tiré de cette place peu enviable. Les grands perdants du toilettage du Conseil constitutionnel sont Moussa Touati qui a vu sa moisson de 330 570 voix rétrécir de 36 159 voix et, surtout, Faouzi Rebaïne de Ahd 54 qui est relégué à la queue du peloton des six candidats. Une dégradation qui ne manquerait certainement pas de piquer au vif le candidat de Ahd 54, lui qui, au lendemain de la proclamation des résultats, n'a pas hésité à comparer le président Bouteflika à Bokassa. “C'est le début de l'an I du royaume Bouteflika”, a-t-il pesté. L'autre singularité du verdict du Conseil constitutionnel est le rejet des 57 recours introduits par l'un des 5 candidats malheureux auprès du Conseil constitutionnel. Mal lui en prit, ses requêtes, jugées irrecevables, sont toutes passées à la trappe. Motivant sa décision de rejet des protestations du candidat protestataire, le Conseil constitutionnel a expliqué, dans un communiqué rendu public le 13 avril dernier, que “s'agissant des contestations des opérations de vote, le Conseil constitutionnel a enregistré la présentation de 57 recours. Après examen, 53 recours ont été déclarés irrecevables car n'ayant pas satisfait aux conditions légales de forme, au motif qu'ils ne mentionnent pas la qualité du requérant ou qu'ils ont été transmis après l'expiration du délai légal de présentation de recours, soit après douze heures de la journée de vendredi 10 avril 2009. En revanche, le Conseil constitutionnel a accepté 4 recours en la forme, mais les a rejetés dans le fond, car portant sur des faits à caractère général et sur des allégations dépourvues de preuves attestant leur bien-fondé”. Ne s'étant pas suffi de la proclamation des résultats officiels de l'élection présidentielle, l'institution présidée par Boualem Bessaïeh s'est laissée aller à quelques commentaires. Le nombre limité de contestations reçues au lendemain du scrutin du 9 avril 2009 en comparaison avec les consultations présidentielles précédentes ? “Un indicateur clair quant aux conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection”, estime le conseil. Des conditions qui, ajoute-t-il, “ont permis aux électeurs de choisir, en toute liberté, leur candidat habilité à conduire le destin du pays, attestent de la régularité du scrutin, de sa sincérité et de sa transparence”. Et le très élevé taux de participation qui a surpris plus d'un ? “Il traduit clairement l'existence d'une conscience politique mûre et d'un engagement national responsable”, relève-t-on au Conseil constitutionnel en ne s'empêchant pas de donner une très bonne appréciation “quant à la participation large des citoyennes et citoyens au scrutin et de relever que cet engouement pour l'exercice de leur droit constitutionnel d'élection aura sans nul doute, un impact positif sur l'approfondissement du processus démocratique pluraliste dans le pays et contribuera, de manière efficiente, au renforcement des fondements de l'Etat de droit”. Avec cette bénédiction du Conseil constitutionnel, il ne reste à Abdelaziz Bouteflika qu'à prêter serment pour entamer son troisième mandat. Arab CHIH