Obligé par Washington d'accepter “la feuille de route” du quartette, le boucher de Sabra et Chatilla se trouve dans une position où il lui sera difficile de retarder l'échéance, surtout que George Bush a délégué sa conseillère à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, pour suivre de près l'évolution du processus de paix. Que pourrait bien invoquer cette fois-ci le patron du Likoud comme argument pour bloquer la “feuille de route” du quartette ? Les organisations palestiniennes qu'il taxe de “terroristes” ont convenu d'un accord pour cesser leur lutte contre Israël, lui fermant ainsi la porte de l'excuse terrorisme. En effet, le Hamas, le Fatah et le Djihad islamique se sont entendus vendredi dernier sur une trêve de trois mois dans leurs actions anti-israéliennes, dont l'annoncée officielle est imminente. Seul préalable, et non condition comme cela a été souligné, est que l'Etat hébreu mette un terme à ses incursions militaires, particulièrement les raids qui ciblaient les dirigeants de ces factions. Cet accord est un point éminemment positif dans la mise en œuvre de la “feuille de route”, surtout qu'Ariel Sharon exigeait toujours un arrêt des attentats anti-israéliens pour accepter de négocier. La trêve intervient à un moment propice des discussions sécuritaires israélo-palestiniennes, portant sur le transfert du contrôle des territoires autonomes réoccupés par Israël depuis le déclenchement de la seconde Intifadha en septembre 2000, qui ont abouti vendredi soir. Il est même question d'un début de retrait de l'armée israélienne, dès demain, des zones réoccupées dans la bande de Gaza. L'opération sera suivie par l'évacuation de la ville de Bethléem. L'accord qui a été conclu entre le ministre palestinien délégué à la sécurité, le colonel Mohamed Dahlane, et le général Amos Gilad, qui occupe les fonctions de coordinateur des activités israéliennes dans les territoires palestiniens, prévoit qu'Israël se réserve le droit d'agir librement contre les organisations palestiniennes dans le cas où les attaques anti-israéliennes ne cessent pas. Les Palestiniens se sont engagés à mettre fin aux attentats contre Israël, notamment les tirs de roquette, d'obus et de mortier sur les positions israéliennes, et d'agir sur la base de renseignements transmis par Israël pour intercepter les Palestiniens sur le point de commettre des attentats. Pour s'assurer que cette rencontre n'allait pas échouer, les Etats-Unis ont dépêché un émissaire spécial, John Wolf, qui a pris part aux travaux. Apparemment très pressé de voir la “feuille de route” mise en œuvre, le président américain dépêche sur les lieux sa conseillère à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, pour lever les derniers blocages. Se dirige-t-on alors vers la mise en œuvre réelle d'un accord de paix israélo-palestinien ? Il serait hasardeux de le croire, surtout qu'Ariel Sharon est passé maître dans l'art de faire échouer les plans de paix. N'est-il pas derrière le déclenchement de la deuxième Intifadha, par sa visite sur les lieux sacrés pour les musulmans à Jérusalem-est, alors que la tension avait baissé d'un cran dans le long conflit opposant les deux parties ? Connaissant Ariel Sharon, les américains ont décidé de superviser l'application de l'accord de transfert du contrôle des territoires réoccupés par l'armée israélienne. K. A.