Acculé par les actes concrets du nouveau président de l'Autorité palestinienne pour une reprise des pourparlers de paix, le patron du Likoud est dos au mur. Ratera-t-il cette occasion de parvenir à un règlement définitif du conflit ? Après avoir passé la majeure partie de son existence à tenter d'éradiquer le peuple palestinien, Ariel Sharon s'apprête à discuter de paix avec le président de l'Autorité palestinienne. Certes, il y a eu une première rencontre entre les deux hommes en juin 2003 à Aqaba (Jordanie) lorsque Mahmoud Abbas était Premier ministre sous Yasser Arafat sans pouvoir réel, mais les contacts ont tourné court en raison des nombreuses réserves israéliennes sur le contenu de la “feuille de route” du quartet international. L'avènement d'Abou Mazen à la tête de l'Autorité palestinienne a créé un climat propice à une relance du processus de paix. Concrétisant sur le terrain sa ferme volonté de parvenir à un accord de paix, Mahmoud Abbas a ébahi Washington qui n'a pas tardé à presser Ariel Sharon de renouer le contact avec la nouvelle direction palestinienne. Condoleeza Rice, la secrétaire d'Etat US aux affaires étrangères, généralement réservée, n'a pas hésité à déclarer au sujet du patron de l'OLP : “Nous sommes impressionnés par ce qu'il fait ; nous espérons qu'il va continuer à faire plus.” Partant de là, elle a clairement annoncé l'engagement des Etats-Unis à apporter leur contribution pour trouver une solution à ce conflit. “Comme le président l'a dit dans son discours sur l'état de l'Union, nous sommes prêts à aider et nous allons nous impliquer pour aider les différentes parties”, a indiqué Mme Rice à la BBC. Elle a également fait les louanges d'Abou Mazen : “Jusqu'à présent, l'élection de Mahmoud Abbas a été un vrai plus pour le processus et il a démontré sa volonté de faire des changements. Il a dit que l'Intifadha armée avait échoué et qu'il est temps d'avancer vers les négociations.” La présence du chef de la diplomatie américaine depuis dimanche en Israël et dans les territoires autonomes confirme la volonté des Etats-Unis à régler une bonne fois pour toutes cette question épineuse. Condoleezza Rice s'est félicité à Jérusalem du nouveau climat qui règne au Proche-Orient, y voyant une “période d'occasions” à ne pas manquer, et a invité l'Etat hébreu à prendre des “décisions difficiles” en faveur de la paix. “La période actuelle est une période d'occasions, que nous devons saisir”, a-t-elle déclaré, avant de rencontrer son homologue israélien Sylvan Shalom. “Nous allons demander à nos partenaires et amis en Israël de faire en sorte qu'Israël continue de prendre les décisions difficiles qui doivent être prises afin de promouvoir la paix (...) et l'émergence d'un Etat palestinien démocratique”, a précisé la secrétaire d'Etat US. Reste à savoir si Ariel Sharon, réputé pour avoir constitué par le passé un sérieux handicap pour l'aboutissement des négociations entre les deux parties, est disposé à aller jusqu'au bout. Tout est tributaire de la position du “boucher de Sabra et Chatilla”. L'ex-champion de la colonisation à outrance semble avoir mis de l'eau dans son vin en acceptant de démanteler une vingtaine de colonies dans le cadre de son plan de désengagement unilatéral de la bande de Gaza. Peut-être qu'il veut laisser son nom dans l'histoire comme celui par lequel la paix est venue ? Le sommet d'aujourd'hui à Charm El-Cheikh, qui le mettra face à face avec Mahmoud Abbas en présence de Hosni Moubarak et du roi Abdallah II, nous renseignera davantage sur les véritables intentions d'Ariel Sharon. Une chose est sûre, il n'y a pas lieu d'espérer davantage que des déclarations d'intention de part et d'autre, car les Israéliens ont averti à l'avance qu'il n'était pas question de parler de feuille de route. K. A.