Voyant que l'on se dirigeait vers la mise en œuvre réelle de la "feuille de route" du quartette, le boucher de Sabra et Chattila sort une nouvelle carte pour tout remettre en cause. Il met sur le tapis la fameuse "ceinture de sécurité", dont la construction a été lancée en juin 2002 et qui s'étale sur près de 350 km pour protéger Israël. Condoleeza Rice a vainement tenté de l'en dissuader dimanche. Ariel Sharon n'est pas un homme de paix. Il vient de le montrer une fois de plus en déterrant le projet de la " ceinture de sécurité ", ce mur qui isolera Israël des territoires autonomes. L'objectif de cette œuvre n'est pas comme le prétend le chef du Likoud de protéger Israël des attentats des groupes radicaux armés palestiniens, mais d'éparpiller les territoires autonomes, de faire certaines villes palestiniennes des enclaves. Il ne s'agit là, a affirmé le Premier ministre israélien à la conseillère à la sécurité nationale du président américain qui y voit une " problématique” pouvant avoir des répercussions négatives, que d'une disposition sécuritaire qui n'a rien à voir avec le côté politique. La poursuite de l'œuvre machiavélique d'Ariel Sharon isolera totalement la ville de Kalkilia en Cisjordanie. Cette cité palestinienne, que cernera de tous les côtés un mur très haut, sera alors totalement coupée des autres villes palestiniennes. Ainsi, 210 000 Palestiniens environ, selon une organisation israéliennes des droits de l'homme, se retrouveront entièrement enclavés. La construction de cette ceinture de sécurité affectera 160 km2 des terres, soit 3% de la superficie globale de la Cisjordanie. Le pire est que cette nouvelle trouvaille d'Ariel Sharon servira de prétexte à l'Etat hébreu pour rattacher plusieurs colonies, mais surtout Jérusalem-est que les Palestiniens considèrent comme la capitale de leur futur Etat. En effet, l'Autorité palestinienne a toujours affirmé que cette partie de Jérusalem est la capitale de la Palestine. La décision du Chef du gouvernement israélien de l'annexer ne peut constituer qu'une entrave à la mise en œuvre du nouveau plan de paix. Ce point fait partie des conditions non négociables posées par la direction palestinienne, à l'image du droit au retour des réfugiés palestiniens expropriés et expulsés en 1948, lors de la création de l'entité israélienne. Les responsables palestiniens, qui ont fait beaucoup de concessions et de sacrifices, ne se tairont sûrement pas cette fois-ci. Toute la diplomatie de Condoleeza Rice n'a pas suffi pour faire changer d'avis Ariel Sharon, décidé à aller jusqu'au bout quitte à tout remettre en cause. Et c'est là son but inavoué. Que peut bien faire George Bush, lui qui croyait fermement être sur le point de régler le conflit israélo-palestinien, qui déstabilise le Proche- Orient depuis plus d'un demi siècle ? Côté palestinien, on a sévèrement critiqué la décision de son homologue israélien de poursuivre la construction de la ceinture de sécurité. Une chose est sûre, l'entêtement d'Ariel Sharon à construire ce " mur " n'aura que des répercussions négatives sur la mise en œuvre du nouveau plan de paix qui risque de connaître le même sort que les initiatives précédentes, à moins que les Etats-Unis ne fasse pression sur Israël. K. A. Rice propose un milliard de dollars aux Palestiniens La conseillère du président américain George W. Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a proposé aux Palestiniens une assistance économique immédiate de près d'un milliard USD, a indiqué hier, le quotidien Yédiot Aharonot. Selon le journal, Mme Rice a suggéré que les Etats-Unis contribuent "avec une assistance de près d'un milliard USD" au relèvement économique des territoires occupés. Elle a fait cette proposition lors d'une rencontre dimanche à Jérusalem avec Dov Weisglass, chef de cabinet du Premier ministre israélien Ariel Sharon, et le ministre palestinien des Finances, Salam Fayad, a précisé le Yédiot. Selon le quotidien, les Américains entendent créer un réseau routier, des hôpitaux et des institutions sociales afin de renforcer le Premier ministre palestinien modéré Mahmoud Abbas et contrer ainsi le mouvement radical Hamas qui jouit d'une grande popularité dans les territoires notamment grâce à son réseau d'oeuvres sociales.