Le budget de l'Etat risque d'être sous pression en raison des effets de la crise financière mondiale et de la montée des besoins sociaux urgents. Le ministre de l'Intérieur a indiqué récemment que 400 000 diplômés sortent de l'Université algérienne. Cet exemple est destiné à montrer les progrès réalisés par l'Etat depuis l'indépendance. Ce chiffre inquiète. Car il faudra trouver des emplois à cette masse d'Algériens sortant chaque année de l'université. Le nouveau plan quinquennal prévoit de créer 3 millions d'emplois dont 50% permanents en cinq ans, soit 300 000 emplois durables par an. C'est nettement insuffisant, si l'on considère que ces emplois ne sont pas tous destinés aux cadres. On offrira donc pour une bonne partie de ces diplômés, soit un emploi précaire, soit le chômage, d'autant plus que les modalités de recrutement n'obéissent pas dans de nombreux cas à des facteurs objectifs. Cette pression sur l'emploi s'exercera de façon plus accrue au cours des prochaines années si la crise financière mondiale se prolonge entraînant une baisse des recettes en devises du pays et, partant, des entrées fiscales pétrolières. Le budget de l'Etat sera, en un mot, sous pression et dans l'incapacité d'assurer un rythme de création d'emplois à même de résorber la demande additionnelle représentée par les primos demandeurs d'emploi. Cette pression sur le budget s'accentuera davantage dans cinq ans lorsque l'université accueillera 2 millions d'étudiants. Avec 1,2 million d'étudiants aujourd'hui, on a 400 000 diplômés universitaires. Avec 2 millions d'étudiants, on aura un nombre beaucoup plus important de diplômés. Et de diplômés chômeurs ? Les enjeux sont de taille. Faut-il cantonner l'université à une fonction de fabrique de chômage ou d'institution qui contribue au retour au plein emploi ? Outre l'adaptation de l'enseignement universitaire aux besoins du monde du travail, les pouvoirs publics sont appelés à redynamiser l'économie. En ce sens, l'entreprise est la véritable source de création d'emplois. Elle doit être au cœur de toute politique publique. Dans la foulée, il s'agit également d'encourager les investissements productifs susceptibles de créer un grand nombre d'emplois. Dans cette bataille pour le retour au plein emploi, la création de petites et moyennes entreprises — 200 000 PME sont prévues au cours du quinquennat — constitue un gisement important. Cette montée de la demande n'est pas une fatalité. L'Algérie a des atouts pour inverser la tendance. Ses réserves financières bien employées et ses ressources humaines mieux exploitées offrent de larges marges de manœuvre pour résorber cette demande. Encore faut-il que l'action des pouvoirs publics et le comportement de l'administration ne soient pas un facteur de blocage. K. Remouche