Résumé : La femme avait fini par atteindre le village. Elle est prise en charge et orientée vers la grande maison de mon grand-père où on lui proposera non seulement un travail, mais aussi le gîte et le couvert… 29eme partie J'étais très jeune, et ces femmes étaient curieuses de savoir d'où je venais et pourquoi j'ai quitté ma famille. J'esquivais leurs questions tant que je le pouvais. Préférant me taire, et ne répondant que par monosyllabes quand cela s'avère nécessaire. J'avais peur que mon mari retrouve ma trace. Je voulais être aussi discrète que possible sur ma situation, et pour détourner toutes les questions, je leur dis simplement que je venais d'un village bien éloigné, et que j'étais orpheline et obligée de gagner mon pain. Les femmes me prirent en compassion, et me laissèrent en paix. Mieux encore, elles m'aidaient dans les tâches les plus dures. Vu mon jeune âge et mon inexpérience dans certains domaines, j'avais besoin de leurs conseils. Elles ne lésinaient sur aucun effort pour me montrer des tours de main fort utiles dans une ferme comme la votre. Les jours passèrent, et j'étais soulagée de constater que personne n'a cherché après moi. Je n'avais aucune nouvelle de mes frères, encore moins de mon mari. Peut-être étaient-ils tous heureux de se débarrasser de moi ? Parfois je pleurais ma jeunesse perdue, et les journées de bonheur auprès de mes chers parents disparus. Ma tristesse était telle, que souvent je restais des journées entières sans manger. Pourtant, en guise de nourriture, les greniers de la maison regorgeaient de victuailles. Des mois et des mois passèrent ainsi. Ton père Omar venait de se marier et on m'affecta au service de ta mère. Elle était jeune et inexpérimentée dans certains domaines. Comme celui d'entretenir une maison, ou de préparer à manger à plusieurs personnes. J'étais heureuse d'être avec elle. Elle était gentille avec moi, et me gâtait. Souvent, elle m'offrait du linge neuf ou des chaussures. Elle me permettait aussi d'utiliser ses shampooings et ses parfums, moi qui ne connaissais que l'eau et le savon noir. C'est une femme noble, ta maman, et en un laps de temps très court, elle me considérait plus comme son amie, que comme une simple femme de ménage. Un jour, une des femmes qui dormaient dans la chambre du rez-de- chaussée me jalousa au point d'aller raconter des méchancetés sur mon compte. Mais ta mère l'avait chassé si brutalement, qu'elle ne revint plus. Mais au fil des jours, cette femme entreprit une enquête et découvrit la réalité. C'est là, où les ennuis commencèrent pour moi. Cette femme retrouva la trace de mon mari, et ne se gêna point pour aller le retrouver et lui dévoiler que je vivrais dans une famille riche et aisée. Alléché par les racontars de cette dernière, mon mari ne se fera pas prier pour se présenter, dès le lendemain matin, au portail de la grande maison, et demander après moi. J'étais occupée à mettre de l'ordre dans la chambre de ta mère, et alors que je secouais les draps par la fenêtre, je faillis m'évanouir en voyant mon mari en grande discussion avec l'un des fermiers. Je pris mes talons à mon cou pour aller retrouver ta mère, et tout lui raconter. Elle sera d'abord surprise, puis se reprit et me rassura : « Ne t'en fais pas. Tes frères sont des lâches, mais mon mari et mon beau-père, ne permettront jamais à qui que ce soit de toucher à un de tes cheveux. Tu es dans la grande maison, et sous leur protection. » Me dit-elle. Rassurée, je retournais vaquer à mes occupations. La mi-journée passe sans encombres, mais en début d'après midi, ta grand-mère Zahra m'interpelle : - Est-il vrai ce qu'on raconte sur ton compte…? - Que raconte t-on donc.. ? - Eh bien, que tu es mariée, et que tu as fuis la maison conjugale. Je baissais les yeux avant de répondre : - Oui. Mais il faut connaître d'abord la réalité avant d'accuser. Ta grand-mère me dévisage : - Je connais la réalité. Ma bru vient de tout me raconter. Mais enfin, tu aurais dû m'en parler avant. - Désolée. Mais ma peur l'a emporté sur le reste. Y. H.