Des mesures d'accompagnement des petites et moyennes entreprises plus audacieuses sont suggérées. L'agence ATI Business Services en collaboration avec l'agence Djazaïr Events ont organisé, hier à l'hôtel El-Aurassi (Alger), une conférence sur “la nouvelle donne économique mondiale et son impact sur les entreprises algériennes”, animée par M. Abdelhamid Mezaâche, consultant indépendant et M. Jean-Louis Perrault, directeur du mastère économie internationale et PME à l'université de Rennes (France). Les deux experts sont revenus longuement sur les origines de la crise financière, les mécanismes de propagation et les conséquences engendrées par cette crise sur l'économie mondiale. D'emblée, Jean-Louis Perrault avertit sur l'absence d'outils pour expliquer cette crise, affirmant que les institutions ne jouent plus leur rôle. L'expert, en “épluchant” l'évolution du secteur bancaire aux Etats-Unis, estime que la crise était prévisible. Il relève l'expansion des prêts hypothécaires et la baisse des prêts pour l'industrie. “Les prêts industriels ont quasiment disparu. Les banques n'ont plus d'espace au financement de l'industrie”, a regretté M. Jean-Louis Perrault. Outre l'appétit de gains des banquiers, cette crise révèle les déséquilibres accumulés dans l'économie mondiale depuis une décennie. La finance, à travers ses montages hypersophistiqués, a surtout capté les excédents d'épargne des exportateurs du Sud pour nourrir l'endettement croissant des ménages américains. La crise financière s'est diffusée à travers plusieurs canaux. Le premier est le renchérissement du crédit. Malgré les efforts des banques centrales pour apaiser les tensions sur le marché monétaire, les taux d'intérêt ont monté. Il est devenu plus coûteux pour les entreprises, mais aussi pour les particuliers de se financer. Par ailleurs, les banques, plus prudentes, ont elles-mêmes accordé moins facilement des crédits. Ce mécanisme que les spécialistes désignent sous le nom de credit crunch (pénurie de crédit) est un frein puissant aux investissements et à la consommation, donc à la croissance. Déroute bancaire, déséquilibres financiers internationaux, impasse d'un modèle de croissance inégalitaire : à ces trois aspects de la crise, s'ajoutent trois autres problèmes qualifiés par Jean-Louis Perrault de majeurs. “Plus de 50% de la population habitent la ville, il y a de plus en plus de personnes âgées et la nature est épuisée”, souligne l'expert français. Que faire maintenant ? Réguler la finance certainement, mais cela ne suffira pas à redonner du travail aux chômeurs. La solution, c'est aussi de réglementer les formes d'accumulation du travail ? “Réorienter le système productif vers la qualité des services rendus plutôt que vers la quantité de biens produits, vers des activités plus intenses en travail et plus économes en ressources naturelles”, c'est la bataille que la communauté internationale doit engager. Concernant l'Algérie, certes notre pays semble à l'abri d'une contagion financière directe, mais le recul des prix pétroliers fragilisera sensiblement sa situation budgétaire et sa position extérieure. Le principal risque pour l'Algérie réside dans le recul très sensible projeté des recettes pétrolières ; si cette situation devait se prolonger, elle finirait, en effet, par ralentir le vaste programme d'investissements publics et la croissance des secteurs d'activités hors hydrocarbures. À ce niveau, M. Abdelhamid Mezaâche est catégorique : “Il faut profiter de cette crise pour relancer l'investissement national”, en mettant des mesures plus “audacieuses” d'accompagnement des petites et moyennes entreprises. M. Mazaâche estime que “les entreprises privées algériennes, concurrencées par les importations, sont dans une situation difficile”. Les moyens pour financer leur croissance sont limités. “Les entreprises publiques sont dans un état de mi-faillite et mi-survie”, estime-t-il. M. Mazaâche plaide pour l'injection de plus de moyens dans le développement de la PME. Meziane Rabhi