Les plaidoiries des avocats de la défense et de la partie civile devront avoir lieu le mois prochain. Si le calendrier des audiences est respecté, le verdict sera connu en juin. La défense de la partie civile a présenté son premier témoin, hier, au cours d'une énième audition sur l'extradition de Abdelmoumen Rafik Khelifa tenue au tribunal de Westminster à Londres. L'expert en question est le professeur Kamel Fillali, enseignant en droit international à l'université de Constantine et avocat agréé à la Cour suprême et au Conseil d'Etat. Pour faire valoir ses compétences en matière de droit, l'avocat Julian Knowles lui a demandé de révéler le contenu de sa carrière internationale, marquée par une position importante au sein du Comité de l'Onu pour les droits de l'enfant où il est vice-président. La convocation du professeur Fillali à la barre répond évidemment à une double préoccupation des représentants de la partie civile qui consiste, d'une part, à montrer que l'affaire Khalifa est strictement criminelle et ne comporte pas le moindre soupçon de manipulation politique. En s'assurant l'expertise d'un juriste, Me Knowles et ses collègues entendent, d'autre part, rassurer le tribunal sur le sort de l'ancien milliardaire après son extradition, en mettant en avant l'équité du système judiciaire algérien. À cet égard, le choix du professeur Fillali convient parfaitement. Puisant dans son expérience d'avocat, il a insisté sur “l'amélioration qualitative” de la justice. À ses yeux, aucun doute ne permet de penser que l'ex-golden boy ne bénéficiera pas d'un procès impartial. Décrivant l'Algérie comme un élève appliqué, le professeur rappelle qu'elle a signé toutes les conventions internationales relatives à la promotion des droits des justiciables. Me Fillali a également insisté sur une plus grande professionnalisation des magistrats. L'idée selon laquelle le président de la république – désigné par Khelifa et ses avocats comme le responsable de ses ennuis avec la justice – instruit les juges par téléphone sur la conduite à tenir dans cette affaire, est à ses yeux farfelue. S'attaquant aux contre-rapports réalisés par les témoins de la défense – les professeurs Georges Joffe et Hughes Roberts – sur la violation des lois en matière de protection des droits des accusés et d'indépendance de la justice, Me Fillali défie les auteurs d'apporter des preuves. De même, il rejette les réserves qu'ils ont exprimées sur le contenu des assurances présentées par l'Algérie. Que le document porte la signature du directeur des affaires juridiques du ministère de la justice – qualifié de partial par MM Joffe et Roberts – ne dérange aucunement le professeur de l'université de Constantine. À son avis, un tel document “engage la responsabilité de l'Etat algérien”. Sur un autre registre, le professeur Fillali a largement contredit les allégations de ses homologues britanniques sur la prétendue carrière politique de Khelifa et qui aurait fait de lui une cible de Bouteflika. Selon lui, l'ancien milliardaire a commencé à exprimer des positions politiques quand les problèmes de son groupe avec la justice ont débuté. Citant un article de la constitution sur l'âge minimum requis pour être candidat à la présidence de la république, il estime que Khelifa était trop jeune en 2004 pour pouvoir participer à l'élection. Après Me Knowles, le professeur Fillali allait être interrogé par Me Branden, représentant de la défense. Mais l'audition qui devait se tenir dans l'après-midi a dû être reportée suite à la défection de l'interprète, victime d'un malaise. Les séances reprendront le 11 mai prochain. S. L.-K.