Chiffres n «Les sommes transférées vers l'Algérie ont été pratiquement multipliées par 8, soit de 352 millions dollars en 1990, à 2,460 milliards de dollars en 2004, selon la Banque mondiale.» Dans une entrevue que nous a accordée Mohamed Saïb Musette, maître de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), ce dernier a dévoilé que l'apport de l'émigration en devise est très important, voire dépassant l'apport des exportations des entreprises privées en Algérie hors hydrocarbures, sans toutefois contribuer à augmenter le chiffre sus-cité. a partir de ce constat, il estime qu'un organisme, dont il dit ne pas comprendre d'ailleurs l'absence jusqu'à ce jour, doit être créé pour s'occuper de cette communauté résidant à l'étranger. «Il faut lui consacrer au moins un ministère délégué, comme c'est le cas au Maroc ou en Tunisie», a-t-il dit. Pour ce qui est de l'informel, notre interlocuteur a souligné que «la criminalité économique existera toujours, cependant, des limites doivent être tracées». Pour lui, les transferts des devises de la communauté résidant à l'étranger, principalement en France, sont en moyenne annuelle de 1,4 milliard de dollars et ce pendant l'année 1996 à 2003, (chiffres officiels, donnés par la Banque d'Algérie). Pour l'informel, M. Musette avoue ne pas connaître les chiffres. Néanmoins, il déplore «l'absence de succursales des banques privées ou publiques à l'étranger, contrairement au Maroc ayant pu investir dans ce domaine. Idem pour les bureaux de changes. «L'existence de ces succursales dans les milieux de la communauté algérienne à l'étranger, fera en sorte que ces sommes considérables s'acheminent à travers des circuits officiels et facilitent également la tâche à nos immigrés», a souligné notre interlocuteur. A ce titre, il a indiqué, en substance, qu'une stratégie dans ce domaine s'impose d'elle-même. Au niveau national, M. Musette ne cache pas que l'Algérie s'est mise dans la voie de lutte contre les marché à travers, notamment la facilitation de l'ouverture des comptes en devises. «Cette mesure est, au demeurant, très importante du moment où ces comptes peuvent absorber des sommes circulant dans les marchés informels.» Il affirme, en outre, que «l'apparition de l'informel n'est nullement à imputer aux immigrés, ceux-ci envoient ou apportent leurs devises pour des dépenses familiales ou extra-familiales, mais ils ne sont pas à l'origine de ces marchés informels». M. Musette lance la balle dans un autre camp, celui des commerçants. «Ce sont les commerçants qui sont derrière ces pratiques», dit-il, précisant que ces pratiques individuelles qui «existeront toujours à un certain degré, nuisent à l'économie nationale quant elles deviennent la règle».