Résumé : En rendant visite à son fils adoptif, mon grand-père avait pris froid. Et comme les routes étaient coupées par la neige, il a dû rester chez Saléha quelques jours, avant que ma grand-mère n'aille le rejoindre. 36eme partie Ton grand-père allait mieux. Nous décidons donc de rentrer à la maison. Mais je décelais une hésitation dans sa voix et son regard était triste : - Qu'as -tu donc, lui demandais-je. Tu ne te sens pas assez bien rétabli pour rentrer. - Non. Me répond t-il. Je me sens même très bien, mais ma conscience me torture. - Ta conscience.. ? - Oui femme. Ma conscience me torture. - Qui y'a-t-il donc mon brave mari… ? Qu'as-tu donc fait pour ne plus avoir une bonne conscience. - N'as -tu vraiment rien compris ma chère femme.. ? Je ne savais quoi répondre, ni quoi interpréter. Mon mari a-t-il commis l'adultère.. ? A-t-il osé frôlé le péché.. ? Ou bien avait-il à un moment donné fait des avances à cette femme qui l'a soigné avec amour… ? Je relevais la tête, prête à affronter toutes les suppositions. - Je n'arrive absolument pas à comprendre mon cher mari…. Qu'as -tu donc fait de si terrible au point d'avoir une conscience tourmentée. Il se frotte le crâne un moment - signe de contrariété chez-lui - puis me dit : - à vrai dire, je n'ai rien fait, mais vu la situation, je me sens coupable quelque part, envers Saléha. Tu comprends, je viens de passer une dizaine de jours sous son toit, dont quatre jours tout seul avec elle, et pour un homme comme moi qui ne tolère aucun écart dans la morale, il est inadmissible de savoir qu'une jeune veuve, a cohabité avec un vieil homme durant plusieurs jours. Cela va m'empoisonner la vie, et jamais je ne retrouverais la quiétude d'avant. - Mais tu n'as rien fait de mal mon homme. C'était les circonstances qui l'ont voulu. - Je sais. Mais si jamais quelqu'un demain, apprenne ma longue présence chez Saléha, ma réputation et la sienne en prendraient un sacré coup. Je ne savais quoi lui répondre. Nos mœurs rigides et les tabous ne facilitaient pas les choses. Ton grand-père avait entièrement raison. C'était un sacré coup à son honneur. Ta mère venait d'arriver à ce moment précis. Elle remarqua aussitôt le malaise qui régnait, et m'interrogea du regard. Je la poussais dans la cours, et lui racontais tout. Elle parut comprendre et sans me laisser le temps de souffler, elle me suggère : - Alors il n'a qu'à l'épouser… - Quoi.. ? - Il n'a qu'à épouser Saléha, reprend ta mère, c'est la seule solution qui reste. - Mais en réalité, en dehors de nous deux, et avec toute cette neige alentour, personne n'a dû remarquer la présence de grand-père chez Saléha. Et puis même si c'est le cas, nous avons fini par nous emmener toutes les deux, nous pourrons toujours riposter. Ta mère secoue sa tête : - N'as-tu donc pas compris que cela se passe dans sa tête. Il veut payer une dette. Il est loyal envers cette femme qui l'a soigné sans rechigner. C'est çà qui le torture. Je me suis mise à réfléchir à toute vitesse. Nous étions sept femmes. Les deux premières venaient de mourir, et la troisième était clouée au lit depuis des années par une maladie incurable. J'étais sa quatrième épouse, et celle qui s'occupait le plus de lui, étant donné que les trois plus jeunes avaient encore des enfants en bas âge et étaient fort occupées de la journée. Que va-t-on pensé si le grand-père se mariait encore une fois, et avec une femme qui était à notre service, lui qui n'avait jusque là épousé que des femmes de descendance noble ? Y. H.