Résumé : Mon grand-père avait pris une huitième femme. Mais jusque là, personne ne l'a su en dehors de ma grand-mère Zahra et de ma mère. Que de mystère autour de cette affaire! Je ne cessais de me poser des questions. 35eme partie Ma grand-mère, Zahra prit une longue inspiration avant de venir s'asseoir auprès de moi. Tout en égrenant son chapelet, elle se met à parler : - Ton grand-père était un homme pieux. Tu savais bien qu'il n'aura jamais accepté de porter atteinte à l'honneur d'une femme. - Ah oui pour cela je le connais assez bien. C'est pour cela d'ailleurs qu'il a consenti à adopter le fils de cette femme. - Eh bien puisque tu connais déjà une bonne partie de l'histoire de cette servante, je vais te raconter la partie la plus frappante. Elle se tût un moment remémorant ses souvenirs puis reprend : - Je savais que ton grand-père rendait visite à son fils adoptif régulièrement. Il se rendait deux à trois fois par semaine dans la vieille maison de la montagne pour prendre des nouvelles du petit. Un jour, il neigeait tellement, qu'a son arrivée, il était tout trempé. Il prit froid, et comme la route menant chez-nous était coupée, il décida de rester pour la nuit, dans la vieille maison de la montagne avec Saléha et son fils. - Saléha.. ? - Oui c'est le nom de la femme. Le nom me revint en mémoire à ce moment précis. Je me rappelais les ironies, et les coups d'œil discrets qu'échangeaient dans le temps quelques jeunes ménagères entre elles. Quelques unes allèrent même jusqu'à prononcer ce prénom en imitant la démarche de cette femme, et ses « progrès » auprès de mon grand-père. Elles étaient apparemment jalouses d'apprendre qu'il avait adopté son fils, et ne cessaient de radoter et de critiquer ses gestes. C'était le prénom de Saléha qui revenait dans ces conversations. - Ensuite.. ? Que s'est -il passé, grand-mère.. ? - Eh bien, trois jours durant, ton grand-père n'a pu quitter sa chaumière. Non seulement les routes étaient coupées, mais il était bien malade et trop faible pour se lever et redescendre. Moi-même j'étais très inquiète à son sujet, car jamais il ne s'absentait sans m'aviser ou nous dire où il se rendait. Je savais donc qu'il était chez cette femme, mais vu l'état de la route, j'avais peur qu'un malheur ne lui soit arrivé. Au petit matin du 4e jour, la neige cessa de tomber. Je décidais alors de me rendre chez Saléha . Il faisait très froid, et le chemin était glissant. Ta mère qui allaitait ton jeune frère à cette époque, vint me retrouver pour me demander un peu de miel. J'en profitais pour la mettre au courant de mes intentions, lui dévoilant par la même occasion mes inquiétudes. Elle décide alors de m'accompagner, et nous bravâmes le froid pour monter sur les hauteurs du village. Arrivées sur les lieux, Saléha nous reçoit comme il se doit, et nous conduisit rapidement auprès de ton grand-père. Il était encore faible, mais avait pratiquement reprit des forces. J'étais tellement inquiète, qu'à sa vu, j'éclatais en sanglots. Il me rassure en me disant qu'il avait été bien pris en charge par Saléha, et qu'il ne s'était à aucun moment senti étranger dans cette maison. Effectivement, cette femme reconnaissante pour tout ce qu'il avait fait pour elle, avait bravé les interdits pour le garder sous son toit, une semaine presque et le soigner comme il se doit. C'est grâce à elle, qu'il échappa à une bronchite qui l'aurait emporté. Il n'était plus très jeune et sa santé avait commencé à vaciller. La neige avait cessé de tomber, et je demandais à ta mère de redescendre dans la grande maison puisque j'avais décidé de rester auprès de mon mari jusqu'à son rétablissement total. Il fallut encore attendre une semaine. Je faisais de mon mieux pour prendre soin de lui. Mais Saléha dévouée, déployait d'énormes efforts pour satisfaire ses moindres désirs. J'étais contente de savoir que la reconnaissance était encore de ce monde et ton grand-père ne cessait de faire ses éloges. Ta mère qui avait gardé le secret, venait nous rendre visite quotidiennement. Elle aussi commençait à apprécier Saléha pour sa générosité et son dévouement. Y. H.