Résumé : Après son rétablissement, mon grand-père avait un cas de conscience. Il ne voulait pas entendre les gens radoter sur sa longue présence chez Saléha. Alors ma mère lui avait suggéré de l'épouser. 37eme partie Je soumets le problème à ta mère, qui sans difficultés me répond : - On n'a absolument pas besoin d'ébruiter ce mariage. Saléha va demeurer chez-elle, et le grand- père lui rendra visite comme par le passé. Personne d'autre n'a besoin de le savoir. Je trouvais l'idée bonne et courut l'annoncer à ton grand-père. Il parut réfléchir un moment, puis nous donne son accord. Je mets Saléha au courant et lui demande son avis. Elle parut hésiter, puis éclate en sanglots : « Jamais je n'aurais espéré une telle alliance » me dit-elle. Je lui rétorque qu'elle ne devrait en parler à personne. Et que nous devions garder toutes les trois, le secret éternellement. Elle me donne son accord, et le soir même, la chose fut réglée. Un imam d'un village voisin vint réciter la “fatiha” avec deux témoins, et une fois repartis, nous redescendons tous dans la grande maison ton grand père y compris. Voila toute l'histoire ma fille. Tu es la quatrième femme à être mise au courant de ce secret que ton grand-père a emporté dans sa tombe. - Mais et Saléha.. ? Qu'est-elle devenue.. ? - Elle a continué à vivre dans la maison de la montagne. Ton grand père a continué à lui rendre visite régulièrement comme par le passé. Le jour où il a procédé lui-même au partage de ses biens, elle a eu sa part à l'instar de nous autres, mais discrètement. Son fils, aujourd'hui gère ses biens, elle est à tout jamais à l'abri du besoin. Quelle étrange histoire ! La nuit était bien avancée. Je sentais la fatigue m'engourdir. Ma mère s'exclame : - Mina, tu devrais aller te coucher maintenant. Il se fait bien tard. - J'y vais, dis-je en me levant. Cette histoire m'a vraiment bouleversée. - C'est de l'histoire ancienne. Oublie là donc, et pas un mot à quiconque, hein.. ? Je hochais la tête. Le secret devrait rester éternellement dans la famille. Je rejoignais ma chambre aux premières lueurs de l'aube. Hacène dormait à poings fermés. Je m'allongeais à ses côtés sans pouvoir trouver le sommeil. Je repensais aux évènements de la journée, et me remémorais le récit de ma grand-mère, Zahra. Quelle bravoure.. ! Accepter une énième rivale, et qui n'est même pas de son rang.. ! Je regardais Hacène et son visage paisible, et me dis que jamais je n'accepterais de le partager avec une autre. Jamais. Quand enfin je m'endormis, le jour était déjà levé. Vers la mi-journée, je consentis à sortir de mon lit. Hacène était déjà parti préparer le véhicule pour le retour. Nous nous apprêtions à rentrer en début d'après-midi. Mon père étant en voyage d'affaire à l'étranger, ma mère avait décidé de rester quelques jours à la ferme. Déjà la veille, elle se faisait un plaisir de passer le plus de temps auprès de ma grand-mère, Zahra qui de son côté, l'aimait comme sa propre fille. Nous déjeunâmes tous ensemble, et je sortis faire quelques pas à travers les grands pâturages alentours. J'aime la nature, et en ce début de printemps, l'herbe était d'un vert luxuriant, et les oiseaux agrémentaient de leurs chants. cette atmosphère de fête dont seule dame nature a le secret. J'enjambais une barrière pour sortir d'un près, quand je remarquais une femme dont je ne distinguais pas encore les traits, qui me faisait de grands signes de l'autre côté de la route. Elle s'approche de moi à grand pas, et je n'eus pas trop de peine en quelques minutes à reconnaître Saléha. C'était elle qui venait à ma rencontre tenant un grand tapis en laine aux couleurs chatoyantes dans ses bras. - Bonjour Mina. Me lance t-elle à peine arrivée près de moi toute essoufflée. - Bonjour. Comment vas -tu.. ? - Bien, puisque j'arrive avant ton départ. Je voulais tellement te revoir. - Oui. Je m'apprête à rentrer chez-moi. Quelques minutes de plus et tu ne m'aurais pas trouvée. - Grâce à dieu, tu es encore ici. Regarde un peu qu'est ce que je te ramène. Y. H.