Les flux des pays méditerranéens sont cependant en chute libre. “sur fond de retour à une certaine forme de patriotisme économique, l'année 2008 aura été plutôt faste pour l'économie algérienne”, relève le réseau Anima dans son dernier rapport sur les investissements étrangers dans la région Med en 2008. Le document indique que les recettes tirées des hydrocarbures, qui représentent 97% des recettes des exportations, ont encore apporté près de 80 milliards de dollars au budget de l'Etat en 2008, pour un excédent commercial de 40 milliards de dollars. “Comme en 2007, le pays poursuit à marche forcée sa politique de grands travaux, flambée du brut aidant”, note Anima, estimant que “les investissements publics devraient être revus à la baisse en 2009, sous l'effet conjugué de la baisse brutale des prix du pétrole”. “Dans ce contexte, la diversification de l'économie, souvent retardée, devient une nécessité”, souligne Anima. Citant les chiffres de l'Andi, Anima indique que l'Algérie a attiré 102 projets d'investissements directs étrangers, qui ont permis la création de 10 723 emplois directs. “Les montants investis sont conséquents”, indique Anima : 6,2 milliards d'euros de montants bruts annoncés, selon l'observatoire d'Anima-Mipo, dont 2 milliards seulement devraient être investis dès 2008. Selon Anima, contrairement à ce qui est observé pour d'autres pays Med, loin de battre en retraite, les investisseurs du Golfe consolident leurs positions en Algérie. “En 2008, 15 projets d'IDE représentant 4,9 milliards d'euros bruts arrivant du Golfe, contre 13 projets d'IDE en 2007”, constate Anima. Par contre, note le rapport, les IDE en provenance d'Europe chutent de 50% par rapport à 2007, tant en flux qu'en nombre de projets. “Du jamais vu depuis 2003 !”, s'étonne Anima. Ainsi en 2008, Anima-Mipo a détecté 29 projets d'investissement directs étrangers européens pesant 907 millions d'euros en montants bruts, contre 60 projets d'investissements directs étrangers en provenance d'Europe valant 1,8 milliard d'euros en 2007. “Ce coup de froid sur les investissements européens peut s'expliquer par un certain flou sur les nouvelles conditions légales en matière d'investissements pour les groupes étrangers en Algérie”, estime Anima. Selon l'observatoire Anima-Mipo, les flux d'IDE vers l'Algérie en provenance des pays Med s'effondrent en 2008, tombant à seulement 169 millions d'euros, contre 2,3 milliards d'euros en 2007. Le développement de l'ensemble BTP, logistique et infrastructure a attiré 4,18 milliards d'euros d'IDE. “Malgré la crise, les promoteurs de Dubaï continuent à annoncer des projets immobiliers (5 projets en 2008), Il en est de même d'Emirates International Investissement Company qui dit pouvoir maintenir son projet immobilier Parc Dounya”, relève Anima. Avec 210 millions d'euros, le secteur des matériaux de construction est en recul en 2008 par rapport à 2007. 4 projets significatifs ont été recensés, dont 3 pour le ciment (contre 8 projets IDE en 2007, représentant environ 900 millions d'euros). “Puissant vecteur de diversification, l'industrie manufacturière reste le talon d'Achille de l'économie algérienne (5% seulement du produit intérieur brut en 2008, contre 30% pour le secteur des hydrocarbures)”, relève Anima, indiquant que “certains secteurs pourraient bénéficier des mesures restrictives à l'importation, notamment dans le secteur de la production automobile, où plusieurs partenariat sont en cours de négociation entre des PME locales et des fabricants chinois, même si ces projets d'assemblage sont pour l'instant sous le coup d'un gel général décrété par le gouvernement”. Le rapport souligne qu'en 2008, les 13 pays du sud et de l'est de la Méditerranée suivis par Anima ont commencé à être touchés par la crise économique et financière mondiale : ces pays ont reçu un peu moins de 40 milliards d'euros d'IDE annoncés en 2008 (-35%). Le nombre total de projets détectés en 2008 recule d'à peine 6% (778 projets). Beaucoup de ces projets, cependant, sont d'ores et déjà minorés, quand il ne s'agit pas d'annulation pure et simple. Après plusieurs années de domination des projets venant du Golfe, les entreprises européennes sont à nouveau les principaux investisseurs dans la région. “Les raisons d'espérer ne manquent pas cependant”, estime Anima. Pour ce réseau d'agences d'investissements euroméditerranéennes, de plus en plus d'entreprises, européennes mais pas seulement, la Méditerranée apparaît comme une solution, un recours possible en termes de marché, de maîtrise des coûts ou de partenariats. Pour Anima, le grand défi industriel de l'ensemble euroméditerranéen : trouver, en ces temps de crise, un mode original de coopération économique bénéficiaire dans la durée aux deux rives de la Méditerranée. M. R.