Comment protéger le patrimoine forestier dans l'Algérois ? Tel a été le sujet débattu hier au Forum de radio El-Bahdja. Invité de ce forum : M. Baâziz Nordine, chef des circonscriptions des forêts de Baïnem, et Mme Benghomarine Ouidad, chef de service de la gestion du patrimoine forestier de la wilaya d'Alger. Les deux responsables ont dressé un bilan mitigé du secteur forestier avec à la clé des propositions pour mettre un terme au pillage dont sont victimes les différents sites rattachés au secteur. Néanmoins, le problème des constructions illicites aux dépens des forêts et d'autres problèmes des eaux usées, dont souffre ce patrimoine devenu, par la force des choses, un endroit pour toutes formes de débauches suscitent l'inquiétude des responsables du secteur qui appellent à une prise de conscience des citoyens pour une meilleure prise en charge de ce patrimoine. “Actuellement, il y a tout un travail qui se fait sur le terrain afin de protéger les forêts de toutes les menaces. Il y a plus de conscience dans ce sens. Le travail se fait en collaboration avec les autorités locales. Les forêts sont des endroits fragiles qui nécessitent plus d'attention”, dira M. Baâziz. Pour ce dernier, même s'il apparaît que l'administration forestière est totalement absente, il s'avère que ce n'est pas le cas puisque, selon l'invité du forum, les services forestiers d'Alger sont omniprésents ; il explique que son département ne dispose pas de moyens adéquats pour une meilleure prise en charge des forêts. “On a l'impression que l'administration des forestiers est totalement absente, ce qui n'est pas le cas. Il faut savoir qu'il existe 100 points forestiers à Alger, et il faut multiplier les moyens par cent pour pouvoir régir toute cette étendue. Le lac de Réghaïa, par exemple, est en danger puisque des eaux usées sont déversées à son niveau. La forêt de Diar Djamaâ nécessite plus d'attention, la clôture a été arrachée et le lieu est devenu infréquentable pour les familles. Il faut donc des lois pour encadrer cette situation, mais je le dis d'emblée, cela ne suffira pas pour autant”, expliquera M. Baâziz. Cela dit, le chef des circonscriptions des forêts de Baïnem considère que les forêts d'Alger “souffrent d'un problème de comportement des riverains”. Il préconise d'autres moyens pour pouvoir éviter le pire. “Il s'agit, entre autres, de faire un travail de sensibilisation et de mettre en œuvre de nouvelles techniques de communication et des moyens adéquats pour répondre aux besoins et avoir une meilleure présence sur le terrain. 60 agents forestiers ne peuvent même pas satisfaire les besoins des 57 communes d'Alger”, ajoutera-t-il. De son côté, Mme Benghomarine Ouidad, chef de service de la gestion du patrimoine forestier de la wilaya d'Alger, a mis l'accent sur les efforts de la wilaya qui visent à améliorer la situation des forêts à Alger et l'exemple de la forêt de Bouchaoui constitue un modèle. “Aujourd'hui, tout a été mis en place afin de permettre aux citoyens de profiter de cet espace vital que sont les forêts. Le danger existe bel et bien avec toutes les formes de dégradation”, dira-t-elle. Enfin, les deux invités du forum annoncent la réouverture prochaine de l'un des joyaux forestiers d'Alger, à savoir le jardin d'Essais avec beaucoup de surprises. Le cas des constructions illicites est aujourd'hui résolu au niveau de ce site, il en reste tout de même du côté du parc de Ben Aknoun. “Ce problème a été pris en charge par les autorités locales ; les familles seront relogées incessamment dans le cadre de l'AADL et du LSP”, indiquera M. Baâziz.