Faire face à la problématique des glissements de terrains qui frappent Constantine, notamment sa commune mère, exige la conjugaison de tous les efforts, et à ce moment, l'intervention des services forestiers est des plus indispensables pour la consolidation des sites touchés. Cette mission est désormais au cœur des prérogatives de la conservation forestière de Constantine qui prévoit de vastes opérations de reboisement à l'image de celle organisée l'année dernière avec le concours des élus de l'APW et quelques associations, ayant permis le placement de pas moins de 300 000 plants. La moitié du programme de reboisement (300 ha) pour 2005 a été réalisée en attendant la plantation d'arbres fruitiers (oliviers et figuiers) dans le cadre d'un programme de 80 millions de dinars qui comprend également le placement de bandes vertes, l'aménagement de pistes sur les massifs, la construction d'une brigade forestière dans la zone de Ben Badis où l'exploitation du liège a permis la collecte de 1500 q, et enfin la correction torrentielle. Cette dernière action permet de consolider les berges des oueds dans le but d'éviter le charriage de la boue et protéger en amont le bassin versant de Beni Haroun contre l'envasement du barrage. C'est là une autre occupation capitale inscrite nouvellement au plan de charge des forestiers, de plus en plus sollicités au fur et à mesure que l'Etat et ses collectivités locales développent un intérêt à l'environnement. Le programme tracé pour l'année 2006 devra se concentrer sur ces mêmes activités avec un recentrage sur les actions de reboisement et de repeuplement qui visent à consolider le patrimoine forestier existant et le retour en général à la sylviculture avec l'extension à de nouveaux sites. Avec uniquement 8% de surface boisée sur le territoire de la wilaya, Constantine est loin de la moyenne nationale placée à hauteur de 25% et demeure privée des moyens pour rattraper ses retards en étant considérée au second plan des préoccupations nationales en la matière. Constantine la blanche, Constantine la verte ? Au contact de deux régions géographiques distinctes, à savoir des massifs telliens dans la zone septentrionale et les hautes plaines au Sud, le relief qui caractérise la wilaya est moyennement boisé (quelque 18 000 ha), avec pour espèces dominantes le pin d'Alep, le chêne-liège et l'eucalyptus. Les responsables de la conservation estiment, toutefois, que les fonds débloqués et les programmes déployés dans le cadre du PSRE (plan spécial de relance économique) n'ont jamais été égalés. Une couverture verte à 15 % du territoire reste possible, par ailleurs, mais ne pourra être réalisée qu'à long terme. Les services du cadastre sont actuellement à l'œuvre dans le but de dégager des terrains et d'augmenter le portefeuille foncier forestier qui va accueillir de nouveaux espaces, d'autant que la wilaya ne cesse de grandir grâce aux deux nouvelles villes qui gagneront à être assaisonnées de poches boisées qui vont certainement mettre du baume au cœur de la population. Ce qui existe reste, en outre, extrêmement sensible et sujet à diverses agressions à commencer par les incendies qui ont connu une augmentation dangereuse en 2005. 155 ha ont été ravagés par le feu et la plupart des incendies ont été provoqués par l'homme, notamment les paysans qui recourent à cette méthode extrême pour brûler les broussailles et accélérer la repousse de l'herbe durant la saison sèche. Un véritable casse-tête pour les agents forestiers qui n'ont pas chômé cette année, puisque les feux ont duré jusqu'au mois d'octobre. « A plusieurs reprises, des brigades ont dû prendre leurs f'tour du Ramadhan en pleine forêt en restant en état d'alerte », affirme le chef de service du patrimoine forestier, Brahim Djehal. Les forêts de Djebel El Ouahch et El Meridj, véritable poumon de la wilaya et uniques sites de détente pour la population, sont très touchées par ces multiples agressions qui s'ajoutent à l'abandon qu'elles ont connu durant la décennie du terrorisme. Même si les forestiers se défendent d'avoir délaissé ces sites, il n'empêche que ces deux forêts, et a fortiori celle de Djebel El Ouahch, ont été livrées à la prédation à l'image des débits de boissons, érigés sauvagement, qui ont conduit au détournement de terrains et à la construction en béton d'établissements non autorisés. Le conservateur, M. Mohamedi, nous a déclaré à ce sujet, que le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement vient de commander une étude au Bureau national d'études de développement rural (Bneder ) pour la confection d'un statut destiné à préserver le parc et probablement le classer comme site protégé. Si une telle initiative venait à aboutir, elle va accorder une seconde vie à ce parc botanique qui renferme des espèces rares en faune et en flore et permettre aux Constantinois de retrouver un site féerique où ils pourront se reposer et communier avec la nature. Par ailleurs et sur demande du wali, la conservation devra intervenir dans les opérations d'embellissement lancées récemment dans le cadre du projet « Constantine la blanche ». Ces actions qui consistent à réaménager les carrefours et les grands boulevards de la ville avec du gazon et des plantes décoratives ont déjà débuté dans le secteur de Mansourah. D'autres actions de reboisement en milieu urbain sont prévues avec l'APW et verront l'implication de la population et de la société civile, notamment les associations versées dans la protection de l'environnement. C'est là une manière de sensibiliser les Constantinois pour avoir leur adhésion et prévoir les actes quotidiens de vandalisme qui touchent au patrimoine forestier, en général, et aux arbres fraîchement plantés, en particulier. Une mission de première importance et qui incombe à tous, si l'on veut que les efforts déployés ne soient pas vains.