Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a opéré une légère inflexion dans son discours contre Israël dimanche en affirmant qu'il n'empêcherait pas les Palestiniens de reconnaître l'Etat juif dans le cadre d'une solution à "deux Etats". "Quelle que soit la décision qu'ils prennent, c'est d'accord pour nous, nous n'allons pas l'empêcher, quelle que soit la décision qu'ils prennent, nous la soutiendrons", a-t-il expliqué dans un entretien avec la chaîne américaine ABC, sous-entendant que si les Palestiniens reconnaissaient Israël, Téhéran se plierait à leur décision. "Pour nous, il s'agit d'un droit pour le peuple palestinien et nous espérons que les autres pays le pensent aussi", a-t-il ajouté, sans préciser ce qu'il entendait par "peuple palestinien". Pour le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a autorité sur ces sujets, le sort de la Palestine doit être réglé par un référendum incluant tous les Palestiniens, y compris ceux qui ont quitté leur terre après la création d'Israël et excluant ceux qui n'y vivaient pas encore avant cette création, c'est-à-dire la majorité des Israéliens. Mais tout en laissant entendre que c'était aux Palestiniens de décider du sort d'Israël, le président iranien, qui a dit plusieurs fois qu'il souhaitait voir l'Etat juif "rayé de la carte", est resté fidèle à son discours. À propos de sa diatribe contre le "gouvernement raciste" établi en Israël après la Seconde Guerre mondiale, lors d'une conférence de l'ONU à Genève la semaine dernière, il a rappelé que celle-ci avait été "organisée pour combattre le racisme". "Pour moi, le régime sioniste est une manifestation du racisme", a-t-il répété, en critiquant Barack Obama qui a qualifié la semaine dernière ses déclarations d'"épouvantables". Le président américain "a le droit d'avoir son opinion", a répondu M. Ahmadinejad sur ABC. Les propos à Genève de M. Ahmadinejad avaient provoqué un tollé occidental et, pour les Etats-Unis, ils posaient la question du bien-fondé du dialogue que M. Obama veut renouer avec l'Iran après 30 années d'animosité. Dans une démarche historique, le président américain a envoyé en mars un message aux Iraniens, s'adressant directement à leurs dirigeants et appelant à dépasser 30 ans de froid glacial entre les deux pays. Pour Washington, il s'agit en premier lieu de s'assurer que la République islamique ne fabrique pas la bombe atomique. Israël se croit le premier visé si l'Iran avait l'arme nucléaire, mais Téhéran assure que ses activités nucléaires sont purement civiles. Mais si Téhéran a répondu favorablement à un appel des grandes puissances à la reprise du dialogue sur ces activités, il a aussi affirmé qu'il les poursuivrait.