Pour le père de l'enfant, en faveur duquel la justice a pourtant tranché, il reste un seul recours : le président Bouteflika. Otages retenus par les pirates somaliens, humanitaires supposés détenus au Tchad et bien d'autres cas : le président français Nicolas Sarkozy s'est toujours porté de manière ostensible au secours de ses concitoyens en difficulté hors des frontières de l'Hexagone. Succès certain pour la plupart de ses interventions. Il en est pourtant une, qualifiée de “sensible” et de “dramatique” sur laquelle il a gardé la discrétion la plus totale et qu'il n'arrive pas à dénouer. C'est l'affaire de la petite Sophie Scharbook, fille de Jacques Scharbook, directeur commercial de Renault-Véhicules industriels à Oran. Cet homme avait épousé une Algérienne, Sarah Belhoucine. De leur union naissait Sophie le 10 décembre 2001. Née dans le Var, dans le sud de la France, et de père français, l'enfant ne possède que la nationalité française même si la famille résidait à Arzew. En mars 2005, la mère décède dans un accident de la circulation. Le temps des obsèques, la petite est confiée à sa grand-mère algérienne Safia Bennekrouf qui ne voudra plus restituer l'enfant à son père. S'ensuit alors pour celui-ci un long marathon judiciaire. Jugement de première instance, appel, cassation : à toutes les étapes la justice lui a donné raison. Mais la grand-mère s'obstine à garder la fillette qu'elle semble trimballer de cache en cache entre Oran et Alger. Est-il si impossible pour les autorités algériennes de faire exécuter une décision de justice sur une affaire connue des plus hautes instances du pays et qui a mobilisé les canaux diplomatiques. En France, on assure que le chef de l'Etat, le Premier ministre François Fillon et la ministre de l'Intérieur Michèle Aliot-Marie ont évoqué le sujet lors de leur voyage à Alger. Rien ne semblait se passer jusqu'au 15 mars dernier lorsqu'une équipe de policiers spécialement partie d'Alger prend d'assaut le domicile oranais de la grand-mère et récupère la fillette. Selon Le Monde, la dame a été laissée en liberté sous contrôle judiciaire alors que l'un de ses fils et deux de ses complices ont été incarcérés. Depuis, Jacques Scharbook, qui n'a pas quitté Arzew, attend qu'on lui rende son enfant qui n'a pas été présentée à une quelconque autorité française. Selon Le Monde, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni avait pris l'engagement solennel auprès de Nicolas Sarkozy, lors d'une conversation téléphonique, le 19 mars dernier, que la fillette serait rendue à son père. Qu'est-ce qui a donc entravé le déroulement de l'opération ? Conseiller technique à l'Elysée, l'Algérien Abderahmane Dahmane a effectué plusieurs voyages à Alger pour tenter de dénouer cette dramatique affaire. Il ne comprend pas. “La justice algérienne a fait son travail”, observe-t-il. Alors ? “C'est une honte”, dit-il avec une grande amertume en se demandant “quel est ce clan qui a intérêt à bloquer la solution ?” de ce dossier. “La fillette est prise en otage. C'est une attitude qui ne correspond pas aux valeurs de l'Algérie”, dit-il encore. L'espoir est peut-être entre les mains du président Bouteflika qui se rend à la mi-juin en visite d'Etat à Paris. Et Nicolas Sarkozy apparaîtra encore une fois comme le sauveur de tous les Français en danger... A. O.