Le 8 Mai 1945 est une date charnière dans l'histoire de l'Algérie, et du monde entier. En effet, c'est un jour de fête en Europe, entre autres en France, puisqu'elle symbolise la fin de la guerre, mais c'est un jour de deuil pour les algériens, puisque des milliers d'hommes ont péri pour s'être une fois rebeller, et cru que le salut de l'Europe serait le leur aussi. Dans ce sens et à l'approche du 64e anniversaire des massacres dans le Constantinois, du 8 Mai 1945, une projection pour la presse a été organisée hier matin, à 11h, à la salle Ibn Zeydoun, du documentaire L'autre 8 Mai 1945 de Yasmina Adi. La réalisatrice française d'origine algérienne (et documentariste de profession), Yasmina Adi a d'abord dressé dans son documentaire de 52 minutes, les principaux évènements qui gravitaient autour de l'Algérie de 1945, ainsi que le contexte politique algérien et international de l'époque. Elle a également eu accès à des archives de la Télévision algérienne, des archives françaises, ainsi que celles des services secrets américains et britanniques. La parole a été cédée aux acteurs de l'époque, notamment des militants du PPA, de l'AML, des français qui habitaient la région ainsi qu'à l'historien Pascal Blanchard. Par ailleurs, et contrairement à ce qu'on pourrait le croire, ces massacres ne sont pas limités à un seul jour, mais les habitants de Sétif, Kherrata et Guelma ont résisté subissant toutefois des arrestations arbitraires, des exécutions collectives voire même raciales. D'autre part, les chiffres avancés dans le docu par les services secrets américains et même anglais, contestent encore une fois ceux de l'Algérie. En effet, selon le rapport des services secrets américains de l'époque, le nombre de victimes s'élève à 17 000 morts ; pour les anglais, les chiffres sont de 6 000 algériens tués et 14 000 blessés et ce, du 8 au 14 mai 1945. On n'est donc pas encore sorti de la polémique. Présente pour l'occasion, la réalisatrice de ce docu, Yasmina Adi, a animé un débat à l'issue de la projection en notant que c'est en réaction à la loi du 23 février 2005 en France, sur les bienfaits de la colonisation, que l'idée lui est venue de réaliser un documentaire sur les évènements polémiques et encore flous du 8 mai 1945. Yasmina Adi a également révélé : “Par ce documentaire, je vise un peu plus loin que la France et l'Algérie. Ce n'est pas qu'un tête à tête entre l'Algérie et la France car le contexte international de l'époque était assez spécial.” Elle a ajouté : “Le film m'a pris deux ans et demi pour sa réalisation, et j'ai dû faire trois repérages dans le constantinois.” L'avant-première du documentaire L'autre 8 Mai 1945 est prévue pour le 7 mai prochain à 18h, à la salle El Mouggar, à laquelle 8 témoins seront présents. S. K.