C'était mal connaître la maladie, d'autant plus qu'elle s'est éloignée de son périmètre initial pour atteindre, avec un cas avéré, la petite bourgade de Hamou-Ali. Sans verser dans un alarmisme inutile, la réunion des 13 walis de l'Ouest aujourd'hui, sous la présidence du ministre de la Santé, renseigne pour le moins sur la gravité de la situation épidémiologique en Oranie. On pensait que l'affaire de Kehaïlia était réglée, on s'est empressé de lever la quarantaine et on a cru que le foyer de cette peste était irrémédiablement éteint. C'était mal connaître la maladie, d'autant plus qu'elle s'est éloignée de son périmètre initial pour atteindre, avec un cas avéré, la petite bourgade de Hamou-Ali. Indépendamment de la malade de Boulanger, en plein centre d'Oran et qu'aucune logique ne pouvait expliquer — l'enquête sanitaire est encore en cours —, voilà que la peste bubonique fait son apparition hors des limites administratives de Tafraoui, à Zahana, à la limite de la wilaya de Sidi Bel-Abbès et des premières communes de la wilaya de Mascara. Pis, depuis hier, elle a été dépistée beaucoup plus loin vers l'ouest, à Aïn Témouchent. Conclusion : on a trop vite crié victoire. Moralité : il faut tout reprendre à zéro, car il y a péril en la demeure. Il y a même danger de mort. Et c'est précisément pour cette raison que M. Aberkane s'apprête, ce matin, à énoncer devant les commis de l'Etat un certain nombre de principes directeurs pour juguler ce fléau. Il est clair que les moyens actuellement mis en œuvre sont dérisoires et qu'il faudra bien les renforcer. Il est clair aussi que la rétention de l'information que nous vivons actuellement et qui n'est que le reflet d'une incompétence criante ne peut qu'ajouter à la suspicion et à la panique. Il est clair enfin que la mobilisation de tous, et en premier lieu des travailleurs de la santé et des élus, est nécessaire, voire indispensable. En fait, il ne s'agira pas de s'attaquer uniquement aux formes de cette maladie, il faudra en connaître et en identifier l'origine. À partir de là, une politique de prévention à grande échelle et à court terme mettra des garde-fous à toute nouvelle émergence de la peste. À l'heure qu'il est, nous ne pouvons que prier pour que nos responsables reprennent conscience de leurs responsabilités et qu'ils cessent de jouer au courant d'air. Jamais en place. Jamais ici, jamais ailleurs. M. M.