Le ministre de la Santé est attendu aujourd'hui à Oran où il présidera une réunion avec les walis de l'Ouest. Rien ne va plus à Oran où la rumeur le dispute à la rétention sur l'information qui touche aux nouveaux cas de peste. C'est par le biais d'une information émanant du ministère de la Santé qu'a été annoncé un nouveau cas de peste mais cette fois-ci à Aïn Témouchent. L'homme, âgé de 58 ans, résidant dans une petite localité distante de 2 km du chef-lieu de wilaya, a été transféré, samedi, en fin de fin journée, au service infectieux du CHUO. Dès hier, les épidémiologistes et entomologistes d'Oran se sont rendus en urgence au lieu de résidence de ce malade afin de prendre en charge au plus vite ses proches et assurer les premières mesures de désinfection. Par-delà ce cas isolé, mais en fait le troisième, déclaré en dehors du foyer principal de Kehaïlia, c'est l'inquiétude et la panique qui remettent en cause toute la démarche adoptée jusqu'ici par les autorités. Qui ne se souvient pas des propos rassurants du ministre M. Aberkane, le 19 juin à Oran, déclarant que la peste n'est pas une maladie grave, qu'il fallait juste s'organiser et que la situation serait maîtrisée. Aujourd'hui, tout le monde en doute à Oran. La peste s'est bel et bien étendue en dehors de Kehaïlia et la venue, aujourd'hui, à Oran d'experts de l'OMS, ainsi que la rencontre que devra présider M. Aberkane avec l'ensemble des walis de l'Ouest, constituent des indices graves. En effet, depuis l'apparition des premiers cas de peste bubonique le 8 juin, 10 cas à Kehaïlia dont cet enfant de 10 ans, décédé le 4 juin, 3 autres cas se sont déclarés. L'un au niveau d'El-Qsar près de Zahana, le deuxième à Hamou-Ali près de Tafraoui et le troisième celui de Aïn Témouchent. D'aucuns s'interrogent désormais sur l'efficacité des mesures de prévention qui devaient être prises à Oran et au niveau des autres wilayas limitrophes pour éviter l'extension du foyer. Ces mesures avaient été décidées suite à une réunion à huis clos qui avait regroupé l'ensemble des chefs de daïra de la wilaya d'Oran, à savoir le traitement de tous les points noirs et des zones à risque, l'éradication des décharges sauvages, la délimitation du foyer de la peste et les opérations de désinfection. Plus grave, jusqu'à aujourd'hui personne n'est en mesure d'avancer les causes et l'origine de tous ces cas de peste. Si d'un point de vue scientifique, il est clair que ce sont les rats qui sont porteurs du bacille de Yersin, ces derniers ont-ils élu domicile dans les stocks de blé au niveau des minoteries de la région ou bien sont-ils tout simplement engraissés grâce aux immondices qui pullulent. Peut-être les deux à la fois ? C'est bien là le drame, car mis à part le protocole médical à adopter face à des cas de peste bubonique, l'incertitude règne partout dans cette affaire. Une incertitude entretenue par l'ensemble des responsables locaux qui refusent catégoriquement de communiquer avec la presse, accusant du coup celle-ci “de harcèlement”. La chose acquise c'est que nos décideurs sont à la traîne puisque contraints d'intervenir après coup dès qu'un nouveau cas se déclare. Ils ont ainsi un temps de retard à chaque fois, bien que le ministère, par le biais de l'APS, fait dire que ces nouveaux cas de peste ont été “dépistés grâce au dispositif de veille épidémiologique” qui a été mis en place. Tout au plus avons-nous appris que des rats ont été capturés au niveau de Kehaïlia et que les autorités sont dans l'attente des résultats d'analyse. Parmi les premières personnes atteintes de peste bubonique, cinq ont pu regagner, avant-hier, leur domicile. Elles devront néanmoins se présenter dans 48 heures pour un contrôle. Désormais, l'ensemble des services hospitaliers sont sur le qui-vive, le moindre malade se présentant avec des symptômes semblables à ceux de la peste bubonique fait craindre le pire. Il faut souhaiter qu'aujourd'hui le ministre de la Santé assure un minimum de transparence dans tous les aspects liés à cette épidémie. Une bonne information est la base d'une bonne prévention. Oran qui accueille déjà des milliers d'estivants a le droit de savoir. F. B.