La campagne de désinfection et de dératisation va certainement s'étaler dans le temps. Sur le front de l'épidémie de la peste bubonique, la situation semble suffisamment préoccupante pour amener le ministre de la Santé, M.Abdelhamid Aberkane, à convoquer une réunion regroupant les walis de la région, aujourd'hui, à Oran. C'est que le fléau semble quitter les limites de la seule wilaya d'Oran pour s'étendre aux wilayas limitrophes., puisque «le dispositif de veille épistémologique fondé sur la vigilance» a permis le dépistage et la prise en charge précoce d'un nouveau cas originaire d'une petite localité située dans la wilaya de Aïn Témouchent. Le patient ayant été orienté au service des maladies infectieuses du CHU d'Oran, les analyses microbiologiques effectuées dans la nuit ont permis de confirmer le diagnostic clinique de la peste bubonique. C'est donc toute une région du pays, à savoir l'Oranie, qui semble avoir été choisie par la propagation de ce terrible fléau, en pleine saison estivale, marquée par une restriction drastique dans le programme de distribution d'eau potable. Le plan rationnement d'eau prévoit un jour sur cinq, voire un jour sur sept. Les barrages de l'ouest du pays, notamment ceux de l'oued Chleff, ont entamé leurs stocks de sécurité, alors que les mesures prises pour la construction de stations de dessalement d'eau de mer, seule solution capable de réduire la pénurie d'eau, n'ont pas encore donné les résultats escomptés. On pense maintenant se rabattre sur les barrages de la région de Tlemcen pour atténuer quelque peu, la crise que vit la seule wilaya d'Oran. En plus du cas détecté à Aïn Temouchent et dont a fait état le communiqué du ministère de la Santé, il faut dire qu'au cours de ces dernières 48 heures, de nombreux cas de peste bubonique ont été signalés dans différentes localités plus ou moins proches de Kahaïlia, dont ceux des deux frères originaires de la localité de Graïdia, à six kilomètres de Tafraoui, trois autres sont originaires du douar Mouassa Ali, et un autre du douar Hamou Ali. Les premières conclusions faites par le ministère de la Santé, qui avait déclaré que l'endémie était maîtrisée, sont maintenant remises en cause, et c'est toute l'approche initiée qui doit être révisée. La campagne de désinfection et de dératisation va certainement s'étaler dans le temps, car cela demande des moyens plus importants et une méthode de lutte plus radicale. Les équipes de l'Oms et celle de l'Institut Pasteur, dépêchées sur les lieux, ont encore du pain sur la planche. Le vecteur principal de la maladie n'étant pas encore cernée avec précision. Au même moment, on signale de nombreux cas de maladies infectieuses un peu partout sur le territoire national, notamment à l'Est, où des maladies à transmission hydrique sont liées au manque d'hygiène. C'est dire que chaque année, à la même période, la population doit faire face à ces fléaux d'une autre époque, les mêmes causes créant les mêmes effets. Le mot même de «taoûn» fait peur dans le langage populaire. C'est un peu comme parler d'une corde dans la maison d'un pendu. Les premières mesures de surveillance épidémiologique n'ayant obtenu que des effets limités, nul doute que les autorités qui se réunissent aujourd'hui avec le ministre de la Santé en présence des autorités sanitaires, prendront cette fois, les mesures qu'il faut et renforceront la lutte contre cette maladie d'un autre âge.