L'Organisation mondiale de la santé a réévalué le niveau d'alerte à la pandémie de grippe porcine, le portant à 5 sur une échelle de 6. Ce qui voudrait certainement dire que le danger est planétaire. Un virus qui rayonne à partir de l'Amérique du Nord, où il prolifère de manière exponentielle, menace tous les continents. Et comme pour la grippe aviaire, le lait chinois frelaté ou la récession économique internationale, l'Algérie se déclare à l'abri des effets de cette crise sanitaire. En Algérie, “les moyens nécessaires à la lutte contre cette épidémie sont disponibles” et “toutes les mesures nécessaires seront prises au moment opportun” pour lutter contre l'épidémie. N'ayant pas vu ces moyens, on ne peut que croire le ministère de la Santé sur parole. Même si les Etats-Unis et le Canada ont du mal. Et, même si lundi dernier, Didier Raoult, auteur d'un livre sur les Nouvelles maladies infectieuses, déclarait au Monde que “la France n'a pas les structures adéquates pour lutter contre une épidémie de grippe porcine”. On sait qu'une mesure concrète a été prise : un comité ad hoc a été installé qui, selon le communiqué, attend “un rapport complet de l'OMS”. Il s'est trouvé même un vétérinaire pour dire au Jeune Indépendant que “bien que l'Algérie ne soit pas concernée par l'élevage des porcs, ce pays n'est pas à l'abri du phénomène puisque cette épidémie est transmissible d'homme à homme”. Et pour cause ! L'OMS a bien fait savoir que ce virus n'a pour le moment jamais été isolé sur un animal. Il n'y a donc pas de fondement scientifique à sa dénomination qui, pour l'heure, revêt un aspect anecdotique et qui n'a peut-être pas à influer sur le caractère d'urgence de la menace. Un médecin du CHU de Bab El-Oued a évoqué, pour Liberté, la “procédure habituelle” : diriger le suspect vers les services épidémiologiques ou infectieux où il sera pris en charge, puis un rapport sera envoyé à la tutelle. Ailleurs, les moyens concrets, mais probablement insuffisants, nous les avons vus. À la télévision, bien sûr. Dans les points d'entrée du territoire, d'abord, avec ces caméras qui détectent les passagers fiévreux et le protocole qui s'impose en pareil cas. Le ministère de la Santé propose que nous soyons rassurés du seul fait qu'une cellule de crise a été créée. Il semble que les Algériens sont précautionneux puisque, pour l'instant, les dernières pandémies ne les ont pas touchés. Mais il semble aussi que cette nouvelle soit bien plus dangereuse que la grippe aviaire. On ne peut se contenter de manifester une mobilisation de principe, même s'il n'est pas aisé de se protéger d'une maladie inédite ! On ne demandera pas tant, d'une certaine manière. Qu'on nous garde de la tuberculose qui, près d'un siècle après l'invention du BCG, tue encore. Et qu'on prévienne la récidive des épidémies de fièvre typhoïde que la tolérance de bidonvilles comme celui de Harraten à Jijel ressuscite, à l'occasion. Et peut-être que les médecins grévistes, qui se sont remis à l'œuvre, pour le motif moins alarmant d'une campagne électorale, reprennent du service en ce temps d'urgence. M. H.