Montréal, Abdelkader Djebbar Officiel! La pandémie grippale a commencé. Le mot fait peur et il y a de quoi. Pour nombre de personnes à travers le monde, il évoque encore dans les mémoires la grippe espagnole de 1918 qui a fait des dizaines de millions de morts, de la grippe asiatique de 1957 et de celle de Hong Kong de 1968 au tragique bilan d'un million de morts environ. Les autorités sanitaires canadiennes ont dénombré, vendredi, 540 nouveaux cas confirmés de grippe porcine A(H1N1), ce qui porte le total national à plus de 3.515 cas, dont une soudaine augmentation dans le territoire autonome inuit du Nunavut. Quatre décès et 182 hospitalisations ont été, également, signalés. Jusqu'à présent, aucun Algérien ne présente les symptômes. Mais la maladie semble prendre de l'ampleur dans les réserves amérindiennes, particulièrement chez les Inuits du grand nord canadien. Les autorités sanitaires préparent une campagne de vaccination massive. Elle pourrait avoir lieu l'automne prochain puisque le vaccin ne sera pas disponible à grande échelle avant plusieurs mois. Mais, en fait, tout dépend de la disponibilité du vaccin. Parmi les nouveaux cas recensés ces derniers jours, 71 l'ont été chez les Inuits du Nunavut, dans le grand nord, où le total est désormais de 96. Le monde fait face à la «première pandémie de grippe du XXIe siècle»… Le virus est maintenant inarrêtable», a déclaré la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a formellement annoncé, jeudi, la première pandémie mondiale de grippe depuis 41 ans, relevant son niveau d'alerte à l'échelon maximal de 6, alors que les cas d'infections liés au virus A/H1N1 continuent d'augmenter aux Etats-Unis, au Canada ainsi qu'en Amérique latine. Cette décision, largement attendue, confirme que l'épidémie de grippe A/H1N1, partie du Mexique et des Etats-Unis, s'est transformée en pandémie mondiale. Elle devrait conduire les gouvernements à consacrer davantage de moyens financiers à la lutte contre le virus. Selon un dernier bilan, 27.737 cas de grippe A/H1N1 ont été recensés dans 74 pays. À cette date, on dénombre 141 décès directement reliés à la maladie. Mais la plupart des cas sont bénins et ne nécessitent aucun traitement. Cependant, les experts craignent que les hôpitaux et les autorités sanitaires, surtout dans les pays pauvres, ne puissent être débordés en cas de forte augmentation du nombre de nouvelles infections. Le monde se mobilise Dans les derniers jours, le nombre de cas de grippe a rapidement augmenté dans le Nord du pays et au sein de certaines communautés autochtones éloignées. L'apparition du virus chez des communautés autochtones du Canada a, d'ailleurs, retenu l'attention de l'OMS qui estime que la maladie peut frapper plus durement les populations qui vivent dans la pauvreté, dans des logements en mauvais état et qui souffrent des problèmes de santé qui s'ensuivent. L'Agence de santé publique du Canada souligne, sur son site Internet, que quelque 20.000 Canadiens doivent se présenter à l'hôpital tous les ans en raison de la grippe saisonnière habituelle. Entre 4.000 et 8.000 Canadiens meurent annuellement de l'influenza et de ses complications, selon la gravité du virus lors de la saison. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait souligné, mardi, que certaines populations vulnérables sont particulièrement exposées à l'épidémie et avait cité le cas des communautés des Inuits du Canada «où un nombre disproportionné de cas graves» ont été constatés. L'inquiétude régnait aussi dans des communautés amérindiennes de la province du Manitoba (centre). 26 personnes, dont la moitié sont des Amérindiens, ont été placés sous respiration artificielle pour des problèmes pulmonaires graves. Aux Etats-Unis, où l'on recense plus de 13.000 cas dont au moins 27 mortels, les responsables des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont précisé que l'annonce de l'OMS ne changerait pas la manière dont les autorités américaines gèrent la situation. «Depuis un mois, nous avons agi comme s'il y avait une pandémie dans le pays», fait-on remarquer. A.D.