Alors que le Maroc escomptait que son plan d'autonomie soit retenu comme solution au conflit du Sahara occidental, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une nouvelle résolution, 1871, recommandant la poursuite des "négociations sans préalables" entre les deux parties en conflit, Rabat et le Front Polisario. Nouveau coup dur pour le royaume du Maroc, qui se voit obligé de poursuivre les négociations avec le Front Polisario, sans conditions préalables. C'est le contenu de la résolution 1871, adoptée jeudi 30 avril par le Conseil de sécurité des Nations unies à l'unanimité de ses quinze membres. Ainsi, le Maroc, qui voulait que son plan d'autonomie reçoive davantage de soutien, voire qu'il soit imposé comme solution au conflit, devra continuer à négocier avec les Sahraouis sur l'avenir du Sahara occidental. Cette résolution, qui reprend quasiment mot pour mot les termes de sa résolution 1813 du 30 avril 2008, proroge, par ailleurs, jusqu'au 30 avril 2010 le mandat de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), qui arrivait à expiration. Cette prorogation de plus des six mois habituels est perçue par les analystes comme un signe annonçant un règlement définitif du conflit durant cette période. En effet, tout indique que les Etats-Unis semblent avoir changé d'approche dans la gestion du dossier du Sahara occidental. Le fait que la CIA ait pris directement contact avec les responsables du Front Polisario dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la région du Maghreb constitue un signe qui ne trompe pas sur la nature de leur nouvelle politique. Le Front Polisario, qui n'était consulté jusque-là que par des intermédiaires, est devenu un interlocuteur direct des Américains, ce qui constitue un développement très important, pour le moins défavorable au Maroc. Cela étant, très claire, la résolution demande donc aux parties en conflit de "poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts réalisés depuis 2006". Elle a le mérite de souligner que ces négociations ont pour objectif de "parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental". En outre, l'organe exécutif de l'ONU accueille favorablement la suggestion du nouvel émissaire du secrétaire général des Nations unies, l'Américain Christopher Ross, que les parties tiennent "des discussions informelles préparatoires à une cinquième session des négociations". Christopher Ross, qui avait constaté, lors de sa première tournée dans la région en février dernier, que les conditions d'une reprise des pourparlers directs à Manhasset n'étaient pas réunies tant les positions sont éloignées suggère des discussions préparatoires. Il y a lieu de noter que la résolution 1871 a donné lieu à des négociations serrées sur le thème des droits de l'homme. Le Polisario a demandé, en vain, l'insertion d'un paragraphe chargeant M. Ban de doter la Minurso de compétences en matière de droits de l'homme afin d'observer la situation dans ce domaine au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf. Certaines délégations dont la France s'y étant opposées, le texte ne comporte qu'une mention vague par laquelle le Conseil "souligne l'importance que des progrès soient effectués dans la dimension humaine du conflit". Le représentant du Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, s'en est vivement pris à Paris à l'issue de la séance du Conseil de sécurité, lui reprochant son soutien traditionnel au Maroc dans ce dossier. "Le Conseil de sécurité continue d'être victime de la politique du deux poids deux mesures et le principal responsable en est la France", a-t-il notamment déclaré, avant d'ajouter : "S'il n'y a pas aujourd'hui de solution pour un référendum au Sahara occidental, c'est essentiellement à cause de la France." Merzak Tigrine