Au grand dam du Maroc, qui refusait d'en entendre parler, Ban Ki-moon juge nécessaire d'appliquer les dispositions du plan de règlement du conflit du Sahara occidental, tel que recommandé par l'ex-secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères. Hier, le Conseil de sécurité des Nations unies a discuté le rapport du nouveau secrétaire général des Nations unies sur le conflit du Sahara occidental. Sans surprises, Ban Ki-moon a demandé “aux parties, le Maroc et le Front Polisario, d'engager des négociations sans conditions préalables, afin de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”. Le document de quatorze pages aborde, notamment, en 46 points, l'évolution récente de la situation au Sahara occidental depuis le dernier rapport en date du 16 octobre 2006, les activités de l'envoyé personnel du secrétaire général, Peter van Walsun, les activités sur le terrain, les relations avec l'Union africaine et les aspects financiers. Partant du constat que le blocage persiste entre les deux principaux protagonistes — le Maroc et le Front Polisario — il propose au Conseil de sécurité de prolonger pour six mois le mandat des Casques bleus dans cette ancienne colonie espagnole occupée depuis plus de trente ans par le Maroc. Comme il le dit si bien dans son document, il recommande le retour “au format qui a été appliqué durant le mandat de mon précédent envoyé personnel, James A. Baker III”. Ainsi, au grand dam du Maroc, lequel a renié ses engagements antérieurs après avoir accepté le contenu du plan Baker, Ban Ki-moon indique que les solutions de règlement proposées par l'ancien chef de la diplomatie américaine demeurent le meilleur cadre pour régler ce conflit. Quant à la Mauritanie et à l'Algérie, que Rabat cherche coûte que coûte à impliquer dans le conflit en tant que parties, le SG de l'ONU estime que “les pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie, devraient être invités à ces négociations et consultés séparément sur les questions qui les touchent directement”. Voilà une réponse claire aux responsables marocains, qui refusaient jusque-là d'admettre qu'Alger n'est qu'un pays limitrophe de la zone du conflit, qui n'a d'autres buts que les deux parties concernées aboutissent à une solution mutuellement acceptable conformément aux résolutions onusiennes et à la légalité internationale. N'accordant apparemment que peu d'importance au plan marocain d'autonomie, mais il rappellera que l'ONU n'imposera pas de solution dans ce conflit. Selon Ban Ki-moon, si les deux parties campent sur leurs positions antérieures, alors ce sera, soit “la prolongation infinie de l'impasse”, soit “des négociations sans pré-conditions” entre les deux parties, en vue d'une “solution politique mutuellement acceptable”. Dans cette optique et afin que les droits de l'homme soient respectés au Sahara occidental, le secrétaire général des Nations unies affirme : “J'aimerais réitérer l'appel qu'a lancé mon prédécesseur (S/2006/817, par. 60) afin que les parties restent engagées dans un dialogue continu et constructif avec le Haut-Commissariat des droits de l'homme en vue d'assurer le respect des droits de l'homme du peuple du Sahara occidental.” Il insiste sur la nécessité de maintenir la force de la Minurso sur les lieux jusqu'au 31 octobre 2007 car, écrit-il, “vu la situation actuelle sur le terrain, et compte tenu des efforts que mon envoyé personnel ne cesse de déployer, je continue de croire que la présence de la Minurso reste essentielle pour le maintien du cessez-le-feu au Sahara occidental”. Enfin, des analystes du dossier n'excluent pas que le Maroc, mauvais perdant, mette en place sans attendre son projet d'autonomie. Il cherchera, encore une fois, le fait accompli en coupant l'herbe sous les pieds du Front Polisario et de tenter de convaincre par la suite la communauté internationale que son initiative a des résultats satisfaisants. K. ABDELKAMEL