À la demande du gouvernement israélien, l'Union européenne a accepté de reporter en juin le sommet UE-Israël prévu cette semaine, afin de permettre au Premier ministre Benyamin Netanyahu de finaliser sa politique pour le Proche-Orient. Cette décision chamboule l'agenda diplomatique du chef du Likoud qui sera ainsi reçu par le président américain Barack Obama avant la tenue du sommet avec l'Europe comme prévu. Netanyahu sera en effet reçu le 18 mai à la Maison-Blanche dans le cadre de discussions séparées, programmées par Obama avec les leaders de certains pays de la région, notamment le président de l'Autorité palestinienne et le président égyptien. Cette rencontre pourrait ne pas donner les résultats escomptés par la partie américaine, Netanyahu pouvant demander un délai pour se prononcer sur les questions importantes et invoquer la nécessité de consulter au préalable les partenaires européens. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, est programmé pour assister avec ses homologues européens au sommet. Entre-temps, il effectuera cette semaine une tournée qui le mènera dès mardi à Paris, avant de se rendre en Italie, en Allemagne et en République tchèque. À Paris, il rencontrera son homologue Bernard Kouchner pour “un premier échange de vues sur (les) relations bilatérales et sur les enjeux de politique régionale dans le contexte de la revue stratégique actuellement menée par le nouveau gouvernement israélien”, selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, cité par l'hebdomadaire L'Express. Cette tournée intervient alors que le gouvernement de l'Etat hébreu essuie de nombreuses critiques pour son refus d'un règlement du conflit proche-oriental basé sur la création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés par Israël depuis 1967, et au moment où il est sommé par l'ONU de cesser les destructions et la colonisation rampante dans Jérusalem-Est. Par ailleurs, le même Lieberman a reçu, la semaine écoulée, le patron des services secrets égyptiens avec lequel il s'est entretenu dans un climat détendu, selon des indiscrétions. De son côté, et sur invitation du président Hosni Moubarak, le Premier ministre Benyamin Netanyahu se rendra prochainement en égypte pour des entretiens sur la situation dans la région. Ni la date ni le lieu des discussions n'ont été révélés, mais sa visite interviendra sans doute avant son rendez-vous du 18 mai à Washington. En sollicitant le report du sommet UE-Israël, Netanyahu reconnaît ouvertement n'avoir pas encore défini de politique pour le conflit qui oppose l'Etat hébreu au peuple palestinien et à ses voisins arabes. Depuis l'installation de son gouvernement le 1er avril dernier, il s'est abstenu d'évoquer le problème avec précision, laissant le soin au ministre des Affaires étrangères, leader de l'extrême droite laïque, de développer des positions dures qui ont mis mal à l'aise jusqu'à leurs alliés les plus fidèles et les plus sûrs. L'aveu de Netanyahu confirme que les déclarations extrémistes de Lieberman et de certains autres ministres étaient destinées avant tout à tâter le pouls à la fois des adversaires et des partenaires. Confronté à l'intransigeance des Palestiniens sur le principe d'un Etat indépendant et de la cessation de la colonisation, pressé par les Etats-Unis et vivement critiqué par l'Union européenne qui pourrait menacer de reconsidérer leurs relations, le gouvernement israélien donne l'impression de manœuvrer pour gagner du temps.