Pour les responsables de l'Autorité palestinienne, Netanyahu n'a fait que vider l'Etat palestinien de sa substance. Unanimes, les Palestiniens rejettent dans le fond et dans la forme le discours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Lors de son discours prononcé dimanche soir, ce dernier a posé une série de conditions à la création d'un Etat palestinien. Il a exigé, entre autres, que cet Etat palestinien devrait être «complètement démilitarisé». Les Palestiniens estiment qu'en imposant ces conditions, l'Etat hébreu vient de fermer toutes les portes devant les efforts de paix et le règlement négocié du conflit israélo-palestinien. L'Autorité palestinienne estime, indique Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Mahmoud Abbas, que le Premier ministre israélien n'a rien apporté de nouveau dans son discours. «Ce discours torpille toutes les initiatives de paix dans la région et entrave les efforts visant à sauver les processus de paix dans un clair défi à l'administration américaine.» Pour les responsables de l'Autorité palestinienne, Netanyahu n'a fait que vider l'Etat palestinien de sa substance par le fait qu'il exclut le gel de la colonisation. «Il veut imposer un règlement ne tenant pas compte des droits des réfugiés et au terme duquel Al Qods occupée ne sera pas la capitale du futur Etat palestinien et celui-ci ne jouira d'aucune forme de souveraineté», a dit M.Abd Rabbou, un proche collaborateur de Mahmoud Abbas. En définitive, l'Autorité palestinienne tire la conclusion du discours du Premier ministre israélien et estime que Netanyahu n'accepte pas un Etat palestinien, en posant des conditions inacceptables à sa création. De son côté, le mouvement de résistance palestinien, Hamas, qualifie le même discours d'«idéologie raciste et extrémiste» par le fait que Netanyahu a réitéré son refus d'arrêter la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. «Ce discours reflète l'idéologie raciste et extrémiste de Netanyahu et fait fi de tous les droits du peuple palestinien», a noté le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, dans un communiqué. De son côté, le président égyptien, Hosni Moubarak, a estimé hier qu'appeler les Palestiniens à reconnaître le caractère juif d'Israël «ruinait les possibilités de paix», en référence au discours prononcé la veille par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. «L'appel à reconnaître Israël en tant qu'Etat juif complique davantage les choses et ruine les possibilités de paix», a déclaré lors d'une cérémonie militaire, M.Moubarak, cité par l'agence Mena. Le président égyptien s'est même montré pessimiste quant à toute possibilité de paix dans cette optique. «Personne ne soutiendra cet appel, ni en Egypte ni ailleurs», a-t-il encore souligné. Si l'Union européenne estime que Netanyahu à fait «un premier pas en acceptant le principe d'un Etat palestinien» elle demande en revanche d'autres initiatives plus précises en directions de la paix de la part d'Israël. Les Européens, en général, jugent ainsi que le «premier pas» d'Israël reste insuffisant pour les efforts de paix au Proche-Orient et, notamment, permettre un renforcement des relations UE-Israël, aujourd'hui conditionnées par l'existence de deux Etats (Israël et Palestine) vivant côte à côte au Proche-Orient. «C'est un premier pas très important, mais beaucoup d'autres pas devront suivre», a résumé la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. «Vous connaissez la position de l'UE: nous voulons une solution à deux Etats avec un Etat palestinien viable», a-t-elle souligné. La Suède qui prendra la présidence de l'Union européenne le 1er juillet, a qualifié le «discours» de Netanyahu d'un «petit pas vers la bonne direction». Le chef de la diplomatie suédoise Carl Bildt a émis quelques réserves sur la position exprimée par Benjamin Netanyahu. Il reste à savoir «si ce qu'il a mentionné peut être défini comme un Etat est sujet à débat», a souligné M.Bildt. «Un Etat ne peut pas être défini de n'importe quelle façon.» Moscou a réagi de son côté à la déclaration de Netanyahu. La déclaration du Premier ministre israélien, qui a accepté le principe d'un Etat palestinien sous conditions, «n'ouvre pas la voie à un règlement» du conflit au Proche-Orient, a indiqué hier une source au ministère russe des Affaires étrangères. «Cette déclaration montre sans aucun doute que le gouvernement israélien est prêt au dialogue, mais elle n'ouvre pas la voie à un règlement du problème israélo-palestinien», a indiqué cette source citée par l'agence RIA Novosti. Les Israéliens sont ainsi appelés à revoir leur copie si effectivement ils veulent travailler à l'instauration de la paix entre eux et les Palestiniens.