Le souci d'informer, le correspondant local constitue l'indispensable relais aux rédactions centrales des journaux et la principale source d'information d'où proviennent toutes les informations de proximité. Ces dernières constituent de nos jours un véritable cheval de bataille de toutes les rédactions et le correspondant est le témoin de cette proximité par sa mission. Cependant, peu de considération est accordée à ces reporters du pays profond. Aucune attention particulière n'est vouée aux correspondants locaux qui constituent pourtant un important réseau d'informations alimentant les rédactions des quotidiens. Vivant une situation de solitude, le correspondant se retrouve à la merci des responsables et de l'omerta locale. De ce fait, il est la cible privilégiée à chaque remous porté à la connaissance de l'opinion publique. D'ailleurs, la mort de Beliardouh du bureau d'El Watan de Tébessa, le 21 octobre 2002, est là pour mesurer le degré de fragilité de ces reporters locaux dans l'acte d'informer le citoyen. Pourtant, le débat sur le statut des journalistes et correspondants locaux avait été relancé à l'époque alors qu'un regroupement national des correspondants locaux avait eu lieu une année auparavant à Sidi Bel-Abbès où les correspondants ont appelé à une redéfinition de manière urgente de leur statut. Huit ans après, la fonction de correspondant n'est malheureusement toujours pas établie d'autant plus qu'il n'existe pas d'association nationale de correspondants pouvant à la limite agir au nom de ces derniers, au demeurant très vulnérables face aux périls nombreux : tribunaux, menaces, intimidations… Désarmé, loin de la rédaction centrale, le correspondant local ne peut exercer convenablement sa mission d'informer en toute indépendance et objectivité car le manque de moyens le rend souvent tributaire des faveurs accordées par l'administration pour son transport dans le cadre d'une couverture, souvent dans de pénibles conditions (fourgon, bus), pour l'envoi des papiers par fax (de nombreux correspondants ne possèdent ni fax ni micro). En plus des pressions locales, la plupart des correspondants locaux ne refusent jamais les missions commandées par la centrale bien qu'ils ne trouvent pas une oreille attentive auprès de leurs employeurs, qui remplissent pourtant les pages de l'info de proximité par des nouvelles et des informations recueillies souvent dans des conditions pénibles dans des zones reculées ou concernant des évènements d'envergure pouvant faire la une des journaux. Ne cessant de subir de multiples tracasseries lorsqu'ils leur arrivent de publier des papiers critiques, de nombreux correspondants se sont retrouvés devant le juge pour diffamation, ou ayant fait l'objet d'agression physique, sans que leur rédaction centrale s'inquiète. Enfin, en cette occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, y aura-t-il de bonnes nouvelles quant au statut particulier du correspondant ? Cela demeure le souhait de la corporation.