La Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA) qui avait tenu son congrès constitutif le 28 mai dernier a organisé jeudi à la maison du peuple une rencontre, première du genre à Alger, pour évoquer le besoin lancinant des journalistes en matière de formation. Abdelkader Malki, secrétaire national de la centrale syndicale, a indiqué que «nous accompagnerons le travail et les revendications de la nouvelle structure y compris lors de la tenue des bipartites ou de la tripartite». Deux manifestations similaires s'étaient déjà tenues à Oran puis à Constantine. Pour l'occasion, un sondage qui a touché 122 journalistes dont 70 femmes a révélé que l'attente est immense. Selon Nourredine Belhadef, membre du secrétariat national du FNJA, qui a révélé les résultats de cette enquête menée par courrier électronique, ces deux derniers mois, 85,24% des sondés estiment que «l'enseignement reçu à l'université est insuffisant» et 90% «souhaitent améliorer leur niveau en langues étrangères».79, 50% jugent nécessaire la création d'une école supérieure de journalisme et 82,72% n'ont jamais pris part à un stage de formation. Le nouveau syndicat qui exerce sous la férule de l'UGTA s'engage à établir des relations de partenariat avec des organismes nationaux et étrangers pour garantir cette indispensable formation. Selon le premier responsable de la FNJA qui doit se doter d'un site dans les prochains jours, «les quatre axes retenus sont l'apprentissage des langues étrangères, l'utilisation des techniques liées à l'Internet et les techniques de rédaction». Dans la foulée, Boukhemkhem, secrétaire général du FNJA, a annoncé la distribution à partir de ce début de semaine de 1000 exemplaires d'un guide bilingue sur la recherche professionnelle sur Internet. LES INCONGRUITES DE LA PROFESSION Deux conférenciers, Kamel Manceri et Mohamed Laagab de l'institut des sciences de l'information et de la communication de l'université d'Alger, ont dressé, devant une soixantaine de présents, dont des confrères venus de l'intérieur du pays et de la télévision, un tableau peu reluisant de l'état des lieux de la presse. «Ecrire tous les jours pour un journaliste est une pure folie», dira le premier qui citera le cas de ce journaliste américain qui, en une année, a signé trois grandes enquêtes révélant notamment le scandale Iron. «Ailleurs, on a dépassé cette question pour affronter d'autres défis relatifs à la constitution de rédactions électroniques, le marketing et la délimitation des responsabilités pour que chacun sache ce qu'il à écrire». Selon lui, former est insuffisant si ceux qui sont chargés de la ligne éditoriale ne permettent pas aux journalistes de s'exprimer librement. Près de trois heures durant, le débat a davantage tourné sur les déficiences du système d'information national. Parmi les incongruités citées, les éditos confiés à des stagiaires, la dévalorisation du correspondant ou le recours abusif sous la pression à l'Internet. Une intervenante qui a connu la belle époque d'Algérie Actualités, dira à ce propos que «l'article d'un journaliste doit traduire un effort intellectuel et ne s'assimile pas à une boîte de conserve produite à la chaîne».M. Laâgab a estimé de son côté que « former 8000 étudiants en journalisme est une tâche impossible surtout que beaucoup proviennent du secondaire avec des déficiences criardes en matière de rédaction». «Pire, en arrivant dans les rédactions où ceux qui dirigent ne sortent pas souvent des écoles de journalisme, ils sont déformés ou s'intègrent dans un système de fonctionnariat qui dessert la profession», déplore le professeur Laâgab.