Sur les lignes nationales, des retards interminables sont annoncés. Aéroport d'Alger Houari-Boumediene,12h15. Du côté des lignes intérieures, l'ambiance est plutôt morose. La chaleur suffocante qui règne en ces lieux n'atténue en rien l'impatience des passagers las d'attendre, pendant des heures interminables, des avions qui tardent à arriver… “Je viens d'Allemagne et j'ai une correspondance vers Constantine. Sur mon billet, le départ est prévu pour 14h30. Or, ici on vient d'annoncer que l'avion ne décollera qu'à 18 heures. Nous allons arriver tard alors que de là-bas, nous aurons encore un bon bout de chemin à faire. Avec mon fils de 12 ans, nous voyageons depuis pratiquement deux jours, car d'Allemagne, nous avons effectué aussi des correspondances. Nous sommes exténués et je ne sais plus quoi faire”, s'est plaint, hier, un passager qui n'est pas le seul à faire état de situations parfois scabreuses dues aux retards qui, en cette période de rush de nos émigrés, ne font que s'intensifier. Au guichet d'informations de l'EGSA — le seul d'ailleurs à même de renseigner —, l'opératrice a déserté son poste. Il lui faudra au moins dix minutes pour le regagner pour seulement répéter ce qui est déjà inscrit sur les écrans. Le vol d'Oran, prévu à 12h15, est retardé et ne partira qu'à 17h15. Pour quelle raison ? L'opératrice ne saura le dire. “Depuis quand les gens de l'aéroport, qu'ils soient de l'EGSA ou d'Air Algérie, ont-ils eu l'amabilité de nous expliquer un quelconque retard ? Estimez-vous heureux qu'ils se soient excusés pour le retard”, lance à notre attention un passager venu, à son tour, s'informer du vol de Tébessa. Ce dernier accuse, lui aussi, un retard. Prévu à 10h30, il n'arrivera qu'à 12h30. Le hall d'attente grouille de monde. Les voyageurs ont du mal à tenir en place. Vers les deux buvettes, les seules qui existent en ces lieux, ce sont d'incessants va-et-vient. L'eau minérale, les jus de fruit et la limonade sont consommés sans modération. Les passagers soumis à l'attente étouffent en ces lieux où on a l'impression que la climatisation fait défaut. L'on apprend par la suite que le hall est bel et bien climatisé, mais pas suffisamment pour faire profiter les passagers d'un semblant de confort. Une lacune d'ailleurs fort déplorée, notamment pour les enfants. “Je n'ai pas prévu autant de retard. Je m'inquiète pour mon bébé. Il n'a que cinq mois et c'est la première fois que je le fais sortir de la maison. Il n'est pas habitué à une chaleur pareille”, nous a déclaré une jeune maman contrariée par de tels imprévus. Et c'est sur un simple siège de la salle d'attente qu'elle s'affaire à changer son bébé et à sortir plusieurs boîtes pour préparer le biberon. La jeune maman est accompagnée de son mari, ses deux fils et sa belle-mère. Ils se partagent deux sandwichs et deux pommes. Ils n'ont peut-être pas prévu un retard qui nécessiterait de se ravitailler à l'aéroport. “Nous attendons le vol d'Oran. Nous sommes ici depuis 10 heures. Il était prévu pour que nous partions à 12 h 30, mais voilà qu'on nous annonce le vol pour 17 h 15. Nous sommes d'Alger, mais il n'est pas question pour que nous retournions à la maison. L'aller-retour en taxi nous coûterait cher et puis, par cette canicule, nous préférons être à l'abri”, nous dit la belle-mère qui préfère ainsi prendre son mal en patience. Une sorte de sagesse qui dicte aux personnes âgées de vivre des situations inconfortables avec beaucoup de philosophie. Mais, c'est loin d'être le cas pour la plupart des passagers qui n'ont pas omis de livrer tous leurs déboires durant leur va-et-vient. “Ce qui nous chagrine le plus, ce n'est pas le fait de patienter. Mais, c'est plutôt le mépris affiché par les uns et les autres. C'est à croire que nous voyageons gratuitement”, a déclaré un groupe de passagers habitués à des déplacements sur la ligne Alger-Annaba. Par ailleurs, les services de l'EGSA, dans leur opération d'embellissement des structures de l'aérogare, ont aussi opéré quelques petits changements. Un nouveau box a vu le jour avant de passer vers la salle d'embarquement. Des écrans sont placés à l'entrée pour donner de multiples informations dont la plus importante est celle qui renseigne sur le Sras. Le massage diffusé donne les symptômes de la maladie et le comportement à suivre en cas de suspicion quelconque. D'autres informations apprennent aux passagers qu'un seul bagage à main est toléré et que la reconnaissance des bagages est obligatoire avant de monter à bord de l'avion, etc. Des images de la nouvelle salle d'embarquement au niveau de l'aéroport international sont également diffusées. Celui-ci a été touché par le séisme du 21 mai dernier et a bénéficié d'une attention toute particulière dictée, vraisemblablement, par l'arrivée de la compagnie française Air France. Il apparaît clair que tous les efforts ont été consacrés à l'aéroport international aux dépens des vols sur les lignes intérieures. “Avant même de tenter d'embellir la façade, il faudrait faire un travail de fond, à commencer par améliorer la climatisation qui est primordiale en cette période de grande chaleur. Il faut aussi améliorer l'accueil des gens qui, pour le moment, ne se hasardent même pas à nous adresser un sourire. Le reste… reste à venir”, ont déclaré, unanimes, les passagers rencontrés, hier, à l'aéroport, notamment des athlètes qui s'apprêtaient à s'envoler à destination d'Oran. N. S.