Les raisons des retards d'Air Algérie sont multiples. Cela va du manque d'avions dans la compagnie nationale à l'absence des équipements d'atterrissage dans les aéroports du Sud en passant par les embouteillages à Alger. Dans la mesure où la compagnie programme des rotations de vols à la fois nationaux et internationaux, un seul retard peut se répercuter sur tous les autres vols. La compagnie Air Algérie s'excuse auprès de ses passagers du vol Alger-Lyon qui connaîtra un retard de 20 minutes ". En ce jeudi 15 novembre à l'aéroport Houari Boumediene, certains passagers font la moue, d'autres profitent du retard annoncé pour faire les adieux à leurs proches. Rabah Boucelha, directeur des Transports de la compagnie nationale, reste confiant. " Ce n'est pas un grand retard ", nous dit-il. La compagnie a connu des situations bien plus difficiles. Le bilan de la période de pointe 2006 révélait une forte dégradation de la ponctualité, passée de 74 à 57% par rapport à la même période 2005, avec plus de 20% des retards d'une durée supérieure à deux heures. Aujourd'hui, nous a expliqué M. Boucelha, " la situation s'est nettement améliorée ". " La ponctualité à Air Algérie s'améliore. L'on enregistre une nette progression tous réseaux confondus. Air Algérie a généralement des rotations qui s'enchaînent sur la même flotte. Nous ne faisons aucune différence entre le réseau intérieur et extérieur. Pour l'instant, nous réalisons des vols selon un programme. Les vols charters destinés aux pétroliers installés au sud du pays sont en train de constituer une part importante dans le programme d'Air Algérie. L'affrètement est dense ", assure-t-il. Il reste que la compagnie nationale fait face à des problèmes endogènes et exogènes qui entravent la ponctualité des vols. L'un des soucis essentiels des responsables d'Air Algérie réside dans le manque d'avions. Dans la foulée du renouvellement de sa flotte, la compagnie a mis à l'arrêt des appareils devenus vétustes dont des Boeing 737-200 et 727-200. La flotte d'Air Algérie est désormais composée de 32 avions (dont 3 sont affrétés) dont la moyenne d'âge varie entre 4 et 5 ans. Les plus récents datent de l'année 2006. " Ce sont des avions dont rêvent certaines compagnies ", lance M. Boucelha. Néanmoins, le besoin d'appareils supplémentaires se fait sentir. " Nous ressentons le manque d'avions. Bien que le programme d'exploitation soit ambitieux, la demande peut encore évoluer. L'on peut également immobiliser des avions pour des raisons techniques ", affirme M. Boucelha. Et d'ajouter : " Il est une nécessité absolue d'avoir des avions supplémentaires ". Le responsable des Transports affirme que sa compagnie attend l'autorisation nécessaire pour l'acquisition de nouveaux appareils. Un pilote d'Air Algérie, membre du syndicat des pilotes de lignes algériens (SPLA), qui n'a pas souhaité être cité, abonde dans le même sens. " Avant le renouvellement de la flotte, le réseau était desservi par 43 avions en plus des affrètements. Aujourd'hui, il y en a seulement une trentaine pour les réseaux intérieurs et extérieurs ", indique-t-il. Il égratigne, au passage, la programmation des vols. " C'est d'abord un problème d'organisation horaire. Nous avons un souci réglementaire, le respect du régime du travail est le point noir d'Air Algérie. Par rapport à la flotte disponible, il y a une gestion bureaucratique, carrément obsolète ", dénonce-t-il. Répercussions des embouteillages d'Alger Le responsable des Transports d'Air Algérie reste pragmatique. Au manque d'avions s'ajoutent, nous explique-t-il, des facteurs qui ne dépendent pas d'Air Algérie. Les conditions météorologiques peuvent retarder les vols particulièrement dans le sud du pays où, souligne M. Boucelha, certains aéroports ne disposent pas d'équipements nécessaires pour l'atterrissage. Les pilotes d'Air Algérie sont ainsi tenus d'attendre l'amélioration des conditions météorologiques et de visibilité pour démarrer. " La politique d'Air Algérie est de ne jamais annuler les vols. Même avec du retard, nous transportons toujours les passagers ", assure-t-il. D'autres facteurs aggravants de la ponctualité des vols d'Air Algérie viennent de là où on ne les attend pas. Les problèmes de circulation dans la ville d'Alger ont, d'après M. Boucelha, des répercussions négatives sur les vols d'Air Algérie. " Nous devons transporter les équipages de leur domicile jusqu'à l'aéroport. Il est réellement impossible de le faire à l'heure vu les encombrements à Alger. Ceci retarde une série de vols ", indique M. Boucelha. Comme dans tous les aéroports, la sécurité a été renforcée après les évènements du 11 septembre. La compagnie algérienne n'échappe pas à cette règle. " C'est une petite contrainte. Un passage obligé. Pour nous, la sécurité prime sur la ponctualité ", glisse le directeur des transports. Le fait est que la compagnie Air Algérie programme des rotations de vols à la fois nationaux et internationaux, un seul retard pourrait entraîner un effet domino sur tous les autres vols. Un passager d'un vol Air Algérie Marseille- Alger nous a fait part de sa mésaventure : " Le vol a fait trois heures de retard. L'avion qui est arrivé venait de transporter des passagers pour la Omra. Alors qu'on attendait un Airbus, c'était un Boeing qui nous a transportés ", nous dit-il. Le directeur des Transports explique que les vols de Omra et de Hadj sont contraignants pour la compagnie car ils induisent forcément des retards sur les vols suivants. " L'aéroport de Djedda dispose d'une petite salle d'embarcation qui est insuffisante. Les avions arrivent ainsi avec du retard qui se répercute sur les autres rotations ", souligne M. Boucelha. Il précise, par ailleurs, que des " imprévus " peuvent surgir à l'exemple d'une panne d'avion ou une maladie subite du pilote. " Cela nous est arrivé à de nombreuses reprises. Il a fallu mettre sur pied un autre avion et un nouvel équipage ", affirme notre interlocuteur. Au mois de juillet dernier, la ponctualité d'Air Algérie était de l'ordre, selon M. Boucelha, de 68% contre 60% à la même période de l'année précédente. " L'idéal serait d'atteindre les 80%. Il restera toujours les facteurs exogènes comme la météo et la sécurité ", lance-t-il. Air Algérie devra recevoir dans un mois deux ATR qui appartenaient à la défunte Khalifa Airways. Par ailleurs, les derniers chiffres avancés par la revue Airline Business montrent qu'Air Algérie a occupé en 2006 la 149e place pour le premier, juste avant la dernière compagnie en lice, à savoir Air Jamaïca, avec un coefficient d'occupation sièges de 52%, alors qu'elle était à la 143e place en 2005. Quant au second agrégat que sont les recettes, la compagnie est à la 110e place, juste après le Sri Lanka alors qu'elle occupait la 103e place en 2005. Cela devrait être l'une des raisons qui pousserait la compagnie algérienne à faire plus d'efforts dans la ponctualité, source de fidélisation de la clientèle et qui leur éviterait de se détourner vers ses concurrents.