"Soulagement" «Ça y est l?avion de Paris vient d?atterrir. Ils l?ont affiché sur l?écran», lance, sourire aux lèvres, un jeune homme. Lui, comme des centaines d?autres, est sous cette bâche blanche depuis des heures. Ces personnes attendent, guettent?Des femmes, accompagnées de leurs enfants, ont préféré s?allonger sur le gazon du jardin. La chaleur suffocante d?Alger, en ce samedi, ne pardonne point. Encore plus celle insupportable de Dar El-Beïda là ou est implanté l?aéroport international d?Alger. Face à la porte de sortie des lignes internationales, des familles, des proches et des amis s?impatientent. Cela fait des heures qu?ils sont là. Certains veulent se faufiler à l?intérieur, malgré l?interdiction, mais se retrouvent nez à nez avec les agents de sécurité. D?autres, plus chanceux ou «introduits», y sont déjà depuis un moment. Au terminal d?arrivée, un monde fou se déplace dans tous les sens. Outre celui de Paris, cinq autres avions, en provenance de Lille, Toulouse, Istanbul, Genève et Milan viennent d?atterrir sur le tarmac à quelques minutes d?intervalle seulement. Les passagers, pour la plupart des émigrés, débarquent comme chaque été, pour passer des vacances chez les parents et profiter du soleil d?Algérie. Dans cette grande salle, des travaux d?extension ont été entamés. Femmes, hommes et enfants poussent leurs chariots. Beaucoup sont exténués notamment les enfants qui pleurent. Les passagers s?agglutinent autour du tapis roulant où passent et repassent les bagages avant d?être récupérés par leurs propriétaires. L?atmosphère est électrique. Conjuguée à la fatigue, elle devient invivable : «Je viens des USA et je peux vous dire que le voyage est un véritable enfer», confie cette femme essoufflée, épuisée... «C?était le désordre total à Orly. Il aura fallu l?intervention de la police française pour calmer les esprits», nous confie cette Parisienne relatant la situation d?embarquement des passagers sur le sol français. «Ici, à Alger, c?est la catastrophe. Il faut deux heures pour récupérer nos bagages alors qu?en France, ce sont eux qui nous attendent à la sortie», ajoute-t-elle. Une femme en salopette tient son bébé dans les bras. Fatiguée, elle ne trouve pas de chaise. D?ailleurs, ici il n?y en a pas. Elle s?assied sur des cartons contenant de la faïence et s?adosse au poteau. Un homme, un employé du chantier, l?invite à s?sseoir sur une chaise. A quelques mètres, les cabines téléphoniques murales sont en panne. Bagages récupérés et formalités douanières remplies, les passagers respirent enfin un bon coup, une fois le portail franchi.