“Quand un chef d'Etat se fait représenter par des repris de justice au niveau local, nous sommes dans un vrai système de voyoucratie”, a déclaré jeudi Karim Tabbou. Le premier secrétaire national du FFS s'exprimait lors du congrès de section à Aït Aïssa Mimoun, wilaya de Tizi Ouzou. Il faisait allusion à la campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril, où le FFS a remarqué que la campagne pour le compte du candidat du pouvoir était animée par “la lie de la société”. Aux yeux du conférencier, un pouvoir qui s'appuie sur des réseaux mafieux, c'est la preuve qu'il est finissant. “Le pouvoir tente de se reconstruire pour déconstruire le pays”, estime M. Tabbou. C'est d'ailleurs dans cette optique que le pouvoir a adopté la politique de tout céder à l'extérieur du pays pour tout prendre à l'intérieur : on brade les richesses du pays aux puissances étrangères qui devraient, en contrepartie, fermer les yeux devant la répression des libertés publiques. Ce n'est d'ailleurs par pur hasard que l'Algérie occupe des places peu honorables dans une sorte de hit-parade à l'envers. Le premier secrétaire national a brossé un tableau noir de la situation aussi bien politique que socioéconomique. Alors que les élections sont censées être un moment de rupture, voilà que la fraude à l'échelle industrielle annihile tous les espoirs de changement démocratique. Pour convaincre que la fraude est intrinsèquement liée au système politique algérien, Tabbou a cité l'exemple du PT qui a gagné une dizaine de sièges à l'Assemblée nationale, mais qui n'a pas pu arracher un siège à l'APW ou gagner une APC en l'espace de six mois. L'orateur fera remarquer que le pouvoir n'a pas de vision économique claire avec un cap et des objectifs priorisés. Au sujet du rapprochement des forces démocratiques, le responsable du FFS affiche sa disponibilité, “pas de problème”, a-t-il dit, mais pose en revanche ses propres préalables à la concrétisation d'une perspective. “Il faut avoir l'autonomie de décision pour pouvoir concevoir un avenir commun”, affirme-t-il. Pour l'intervenant, l'union des démocrates devrait se faire sur la base d'un contrat de confiance pour construire des passerelles à même de fonder cette union des forces du changement. Pour autant, les partisans du changement ne sont pas exonérés d'une implacable autocritique. C'est à ce prix qu'on pourra renégocier le contrat de confiance avec la population, suggère encore le premier secrétaire national du parti de Hocine Aït Ahmed. “Au FFS, nous avons essayé de faire notre propre bilan”, informe Tabbou, suggérant ainsi aux autres forces qui aspirent au changement démocratique de faire de même. À partir de là, les possibilités de changement seront étudiées avec la lucidité nécessaire. Comment ? En posant les questions politiques de fond, rétorque le représentant du FFS. Autrement dit, “il faut renégocier le contrat politique avec la population”, a-t-il conclu.