Algérie Télécom a suspendu l'Eepad depuis le 14 mai dernier pour non-paiement. Selon des sources proches du dossier, la direction de l'entreprise, dirigée par M. Harzallah, n'a pas honoré le paiement de ses créances auprès des services d'Algérie Télécom, et ce, malgré la signature de conventions,0 stipulant le remboursement par tranche d'une énorme dette qui s'élève à 2 600 millions de dinars. Les mêmes sources ajoutent que si l'Eepad réclame la réduction de 50% pour les prestations de service Internet annoncée par Boudjemaâ Haïchour, alors qu'il était ministre en charge du secteur des Postes et des Télécommunication, Algérie Télécom affirme que cette mesure ne concerne pas les providers. Si l'on doit s'interroger sur les raisons qui sont à l'origine de la situation de non-paiement dans laquelle se trouve le précurseur de l'Internet en Algérie, des sources au fait du dossier n'excluent pas le risque de dépôt de bilan pour l'Eepad. à moins que ce provider ne se propose ni plus ni moins pour une vente aux enchères afin de pouvoir honorer ses créances. La décision prise par la direction générale d'Algérie Télécom s'inscrit, il faut le dire, dans le cadre de la mise en œuvre des directives du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Ce dernier avait instruit les entreprises publiques à caractère économique et commercial à recouvrer les créances détenues par aussi bien les sociétés d'Etat que le privé. Concernant l'opérateur historique Algérie Télécom, une entreprise qui a connu plusieurs changements de direction en l'espace de trois ans, sa trésorerie a été sérieusement affectée par l'absence de recouvrement d'une part et le manque de sérieux de ses partenaires qui n'ont pas honoré leurs factures en temps réels. C'est dans cet esprit que le gouvernement a décidé de serrer les vis face aux premiers effets de la crise financière internationale et la baisse des revenus pétroliers ainsi qu'à l'exigence de terminer dans les délais les projets lancés. Il faut dire que l'ultimatum lancé par Ouyahia était fixé pour le 31 octobre 2008. Mais, semble-t-il, en raison des échéances politiques importantes, à savoir la révision de la Constitution et la préparation de la présidentielle, les délais ont été reportés à une date ultérieure. Les créances non encore recouvrées par la société Algérie Télécom sont estimées à quelque 100 milliards de dinars. Les organismes publics à eux seuls détiennent plus de la moitié, soit 50,5 milliards de dinars. Les autres clients, quant à eux, doivent payer une facture de 35 milliards de dinars à Algérie Télécom qui n'arrive toujours pas à récupérer son argent. Cette situation financière, qualifiée de “difficile” par le gouvernement, a poussé Algérie Télécom à solliciter vers la fin de l'année 2008 une rallonge financière de 7 milliards de dinars. Ainsi, après les mises en demeure adressées en octobre dernier, le gouvernement est décidé cette fois à passer à l'action afin de récupérer ses créances. À défaut, le gouvernement sera amené à prendre d'autres mesures. Salim Tamani