Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Le torchon brûle entre Algérie Télécom et le fournisseur d'accès à Internet Eepad. Premières victimes de ce nouveau bras de fer, plus de 87 000 abonnés et pas moins de 160 cybercafés ont vu leur connexion interrompue depuis mercredi soir, à en croire le premier responsable de l'Eepad, Nouar Harzallah. Ce sont les services d'Algérie Télécom qui ont suspendu la connexion ADSL à tout le parc d'abonnés du provider Eepad. Cette déconnexion a pour origine les dettes «faramineuses» qu'a contractées l'Eepad, lequel n'a pas honoré ses factures depuis plusieurs mois, avancent les services d'Algérie Télécom. De son côté, Nouar Harzellah, P-DG de l'Eepad, au cours d'une conférence de presse qu'il animée hier, n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur l'opérateur historique, l'accusant de vouloir carrément absorber «ses abonnés». «Algérie Télécom nous a piégé», a-t-il lancé hier aux journalistes tout en indiquant que son entreprise s'est acquittée de 81% de ses dettes pour cette année 2009. Quant à l'année dernière, l'Eepad, a fait savoir son P-DG, a versé à Algérie Télécom pas moins de 110 millions de DA, alors que l'opérateur historique lui exigeait 200 millions. Mais l'Eepad refuse de payer cette somme car il estime bénéficier lui aussi, en tant que provider, de la réduction des tarifs de connexion ADSL prise par l'ancien ministre de la Poste et des TIC, Boudjemaa Haïchour, en avril 2008. «La loi est de notre côté», a-t-il indiqué à ce propos. Pour sa part, Algérie Télécom a démenti toutes les informations communiquées hier par le P-G de l'Eepad et réitère encore une fois sa fermeté : «La connexion ne sera pas rétablie si l'Eepad ne s'acquitte pas de ses dettes», nous a confié un haut responsable qui qualifie les allégations de Harzallah de «délire», affirmant que ce dernier cherche expressément la faillite pour ne payer sa dette, que les observateurs avertis estiment à plus de 16 millions d'euros. Même le P-DG d'Algérie Télécom n'y va pas de main morte pour épingler l'Eepad. «La créance actuelle remonte à avant la décision de la réduction des tarifs. Et puis, l'Eepad n'était pas obligé d'appliquer la décision du gouvernement car il ne s'agit pas d'une entreprise publique», a-t-il rétorqué hier sur les ondes de la Chaîne III. Pour ce qui est de la menace de fermeture et de licenciement brandie par Nour Harzellah, si la pression devait continuer, Moussa Benhamadi préfère mettre les points sur les «i». «Ce n'est pas à Algérie Télécom d'en assumer les conséquences. Le manque à gagner de l'Eepad n'a pas été récupéré par AT et, aujourd'hui, il revendique qu'on lui restitue en quelque sorte ce qu'il a perdu», a-t-il déclaré tout en ajoutant que «l'Eepad s'est engagé à maintes reprises sur des échéanciers de payement qu'il n'a pas respectés. Quant aux autres ISP, ils sont en train de rembourser leurs dettes». En effet, après une première coupure qui a duré trois jours, un terrain d'entente entre les responsables des deux entreprises avait été trouvé et un échéancier établi en vue d'un règlement des lourdes créances. Selon des informations concordantes, le premier chèque devait être délivré le mercredi 13 mai, à la veille de la seconde coupure. Car, toujours selon Algérie Télécom, l'Eepad n'aurait pas respecté ses promesses, et la reconduction de la déconnexion a été immédiate.Pour rappel, Algérie Télécom loue ses installations aux providers activant en Algérie, dont l'Eepad. Depuis l'année dernière, AT a pris la décision de baisser de 50% les tarifs des abonnements à l'Internet ADSL. Cependant, en parallèle, aucune réduction des tarifs à la location et des redevances n'a été consentie à ces fournisseurs. C'est ce qui explique que ces derniers sont en grande difficulté financière. Et dans ces déboires, ce sont toujours les abonnés qui paient les pots cassés.