Il reste à savoir si ces pêcheurs ont fourni ces explosifs aux groupes terroristes où si ce sont les revendeurs spécialisés qui ont alimenté les réseaux du GSPC. Les huit personnes parmi lesquelles des patrons pêcheurs seraient soupçonnés de “détention d'explosifs et d'utilisation de dynamite pour la pêche”. Mais certains de ces pêcheurs sont suspectés d'avoir fourni des explosifs aux groupes terroristes sévissant dans la région. Les services de sécurité, qui ont agi sur informations, ont débarqué vers 18h au niveau de Zemmouri El-Bahri et fermé durant toute la soirée la structure portuaire. Ce n'est que le lendemain à 2h du matin que le port a été rouvert. Les huit personnes concernées, qui avaient l'habitude de pêcher à Bouzedjar dans la wilaya de Aïn Témouchent, ont été interpellées sur place et leurs bateaux tout comme leurs véhicules ont été minutieusement fouillés. Selon nos informations, les services de sécurité ont exploité des informations émanant d'un rapport de la Police scientifique qui, à l'issue de son enquête effectuée il y a quelques jours sur les débris d'une bombe artisanale, a déterminé que les produits explosifs utilisés ce jour-là proviendraient des bâtons de dynamite utilisés par les pêcheurs, notamment à l'ouest du pays. Cette bombe aurait explosé il y a deux semaines sur la route de Zemmouri au niveau de Hadj-Ahmed et visait une patrouille de la police. L'enquête, menée dans la discrétion la plus totale, a permis d'aboutir à l'arrestation de ce groupe de pêcheurs. Reste à savoir si ces pêcheurs ont fourni ces explosifs aux groupes terroristes ou ce sont les revendeurs spécialisés qui ont alimenté les réseaux du GSPC. C'est ce que tenteront de connaître les enquêteurs dans les tout prochains jours. Selon nos informations, les pêcheurs de Zemmouri se sont montrés toujours hostiles à cette méthode de pêche et auraient même interdit à ces pêcheurs, connus pour leur penchant à la pêche à la dynamite, d'accéder au port au cas où ils seraient pris en flagrant délit. Ces derniers ont alors choisi d'aller à Bouzedjar où ce moyen de pêche fait office de règle bien établie. À leur retour à Zemmouri, ce groupe de pêcheurs aurait tenté d'introduire ce procédé, mais une fois encore, les pêcheurs de Zemmouri s'y opposent fermement. Mais certains d'entre eux auraient utilisé à l'insu des pêcheurs la dynamite après l'avoir introduite par voie maritime. Les terroristes, qui sont toujours à l'affût, apprennent l'existence de ces explosifs et auraient même tenté de prendre contact avec certains revendeurs qui ramènent ces bâtons de dynamite de Aïn Témouchent. Les groupes de l'ex-GSPC qui sont privés d'engrais chimiques depuis plus d'une année n'ont pas hésité à sauter sur l'occasion. L'on sait que le prix d'un bâton de dynamite varie entre 8 000 et 12 000 DA. L'augmentation vertigineuse du montant de ces produits trouverait son explication, selon nos informations, dans l'intérêt porté par les terroristes sur ces explosifs. Certains observateurs n'hésitent pas à affirmer qu'il existe un lien direct entre les trafiquants de ces explosifs et le GSPC. Pour rappel, la pêche à la dynamite continue à sévir dans certaines régions côtières du pays, notamment au centre et à l'ouest du pays. Cette pratique est devenue une hantise pour les pêcheurs professionnels. Réprimée sévèrement par la loi, elle est aussi responsable de la rareté des poissons et de la hausse des prix, affirment les professionnels de la pêche qui ont toujours condamné tous ceux qui recourent à cette méthode de travail jugée malsaine et destructrice. De nombreux pêcheurs ont évoqué l'existence d'un trafic de ce produit entre des pêcheurs algériens et d'autres pêcheurs étrangers et se demandent si ces bâtons de dynamite, qui se vendent au large de nos côtes comme des casiers de crevettes, ne sont pas détournés pour les besoins des groupes terroristes. “Qui me dit qu'au vu du prix qu'ils ont atteint ces derniers temps, ces explosifs ne sont pas utilisés uniquement contre les poissons ?” s'était interrogé il y a plus d'un mois un pêcheur de Zemmouri. M. T.