Un autre regroupement est prévu, samedi prochain, à Riadh El-Feth. Ils ont été très nombreux, plus de 300 clients victimes d'El Khalifa Bank, à se rassembler hier devant l'APN pour crier encore une fois leur détresse et tenter de trouver une écoute auprès des élus du peuple. Dès 9h, les gens arrivaient par petits groupes pour grossir les rangs. Les frondeurs ont alors eu droit au traitement habituel réservé aux manifestants : leur servir autant de bousculades et d'insultes que possible. Un acharnement qui, cependant, n'a aucunement ébranlé la mobilisation des manifestants déterminés à aller jusqu'au bout de leur logique. Difficile, en effet, de faire admettre une perte sèche à d'honnêtes citoyens dont le seul tort a été de confier leurs économies à une banque privée que l'Etat lui-même a crédibilisée, en incitant des entreprises publiques à y déposer également leur argent. Sans perdre de vue que cette banque n'aurait pu activer sans l'agrément obtenu auprès de la Banque d'Algérie. “Nous avons vu, sur nos écrans de télévision, comme tout le peuple algérien, notre Président serrer la main à Abdelmoumène Khalifa. N'est-ce pas là, la plus grande preuve de confiance ? Si nous avons été bernés, il l'a été aussi et donc ce n'est la faute à personne. Pourquoi est-ce que nous sommes sanctionnés de cette manière ? Notre argent doit absolument nous revenir et la leçon est retenue”, ont expliqué certains membres du comité, convaincus que les solutions existent pour peu qu'une décision politique voie le jour. Vers les coups de 11h, c'est Karim Younès lui-même, président de l'APN, qui a accepté de recevoir le comité représentant les clients victimes d'El Khalifa Bank, et de commenter, après les avoir écoutés, “l'Etat a failli”. C'est du moins ce qui a été rapporté par les membres du comité reçus. Une reconnaissance qui semble conforter les manifestants dans leur combat contre “l'injustice” qui les frappe. Vrai. Cela peut, en effet, relancer cette affaire dans la mesure où les pouvoirs publics décident de reconsidérer la question des remboursements. Jusque-là, les plus hautes autorités ont toujours parlé d'“escroquerie du siècle, de cataclysme, etc.”, mais sans jamais reconnaître réellement la part de responsabilité de l'Etat dans cet échec financier. Avant même qu'il ne soit perçu comme un drame économique, sur lequel les pouvoirs publics pourront disserter pendant longtemps, il ne faut pas qu'ils perdent de vue que c'est surtout un drame humain. Nombreux sont ceux qui se retrouvent à vivre des situations inextricables, induites par une faillite des plus inattendues. Plusieurs personnes, selon des témoignages recueillis, envisagent le pire si leur argent n'est pas récupéré. Pour certains, c'est carrément les économies de toute une vie qui partent en fumée… “Venir aujourd'hui nous annoncer que nous ne serons remboursés qu'à hauteur de 600 000 DA ou que notre devise sera remboursée en dinars et au taux décidé par les pouvoirs publics relève de la double arnaque, ce que nous n'accepterons jamais”, ont déclaré des membres du comité. Ces derniers ont remis une lettre à Karim Younès, président de l'APN, en lui arrachant la promesse de la transmettre à son tour au président de la République. Cette missive contient des propositions que le comité préfère taire pour le moment. “Nous tenons à donner un sursis aux pouvoirs publics afin qu'ils révisent leur copie et reviennent à de meilleurs sentiments”, ont-ils argumenté. Dans ce pli, ils réitèrent leur demande d'audience au président de la République et au ministre des Finances. En attendant, le comité organisera un autre rassemblement, samedi prochain, à Riadh El-Feth. Il communique aussi l'adresse de son siège, sis au lotissement Ben-Haddadi, Dar Eddiaf (Chéraga), ainsi que son email : [email protected] N. S.