Ce taux a régressé par rapport à la session précédente. Alors qu'ils étaient connus des candidats depuis quelques jours déjà, les résultats du baccalauréat, session juin 2003, ont été officiellement rendus publics hier. Cette année exceptionnellement, le taux de réussite n'est pas national, mais concerne uniquement 46 wilayas. Les autres, Alger et Boumerdès, étant dispensées pour cause de séisme. Selon M. Khaldi, directeur de cabinet du ministère de l'Education nationale, le taux de succès enregistré est de l'ordre de 29,56%. Sur un total de 349 712 postulants, l'on compte ainsi 114 664. “Ces résultats sont assez satisfaisants”, a affirmé M. Khaldi lors d'une conférence de presse tenue au siège du département ministériel. Le représentant de Benbouzid a omis de signaler qu'ils constituent un recul par rapport à la session précédente. En effet, en 2002, le taux de réussite avait atteint 32,92%. En 2001, il avait franchi la barre des 40%. Certes, cette année-là, l'organisation d'une seconde session en septembre avait permis de repêcher beaucoup de candidats malheureux. Mais depuis quelques années déjà, les résultats au bac affichaient une courbe ascendante. Hormis l'exception malheureuse de 1993, ou le taux de réussite, 10%, était assimilé à un échec patent, une progression modeste mais régulière était enregistrée d'une session à une autre. Il en était ainsi du record de 2001 obtenu par la grâce d'une décision présidentielle, mais surtout eu égard au forcing de la rue kabyle. Commentant cette performance, le ministre Boubekeur Benbouzid avait alors prédit un taux de réussite de 60% dans une vingtaine d'année. Si l'on s'en tient au fait que depuis deux ans les résultats chutent alors que le nombre de candidats augmente, ce pronostic fort ambitieux se confirmera-t-il ? Rien n'est moins sûr. D'année en année, la rue devient le principal réceptacle d'innombrables élèves déchantés. Si 114 664 ont réussi à décrocher, en ce mois de juin, leur ticket d'entrée à l'université, quelque 200 000 autres iront grossir les rangs des chômeurs. Pour cause, en raison de la saturation des infrastructures scolaires, rares sont les recalés qui auront la chance de repasser le bac. Du côté des heureux lauréats, rares également seront ceux qui pourront choisir des filières d'études de leur choix. Longtemps, on a soupçonné les autorités d'appliquer le système des quotas pour le bac afin de ne pas surcharger les campus. Ces dernières années, notamment depuis l'accession de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême, on les a surtout accusé de produire un bac politique en dopant les résultats. En effet, selon de nombreux observateurs, l'amélioration des taux de réussite tient surtout du désir des décideurs de mettre en avant leurs propres performances alors que le changement et le progrès tant promis sont restés lettre morte. Dans le cas de l'école, une réforme préconisée depuis plus de deux années par une commission nationale installée par le président himself est toujours dans les tiroirs. Considérée comme explosive, elle est mise en veilleuse pour ne pas déranger les desseins du chef de l'Etat et lui créer des oppositions inopportunes, surtout à l'approche d'une échéance présidentielle importante. Pourtant, c'est sur ce dossier là, parmi tant d'autres, que l'électorat jugera le mandat du président candidat. S. L.