En hibernation depuis douze années pratiquement, la conférence de désarmement des Nations unies a réalisé de sérieux progrès à l'occasion de la session qui a démarré mardi grâce aux efforts de l'Algérie, comme le reconnaît d'ailleurs Ban Ki-moon, lequel ne s'est pas privé de lui rendre hommage… Présidente de cette session de la conférence onusienne de désarmement, l'Algérie a réussi le coup de force de mettre fin aux blocages caractérisant les travaux de cette instance depuis maintenant plus d'une décennie. En proposant un programme de travail ambitieux, qui a arraché l'adhésion de la majorité des participants, l'Algérie a permis une réelle avancée dans le dossier du désarmement. Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, a estimé que “la dynamique, ainsi amorcée, ne manquera certainement pas d'avoir un effet d'entraînement positif sur la prise en charge des questions apparentées ou connexes à travers tout le système des Nations unies”. Il a souligné les “perspectives prometteuses” des consultations destinées à relancer le processus d'un désarmement général et complet, tout en exprimant sa gratitude au secrétaire général de la conférence, M. Sergei Ordzhonikideze, et au haut représentant pour les affaires de désarmement dont les soutiens précieux et les conseils avisés ont été “particulièrement utiles” en cette période cruciale de consultations. Le ministre des Affaires étrangères a également rendu hommage à “la souplesse et à l'esprit d'accommodement mutuel”, dont tous les représentants des Etats membres de la conférence “ont fait preuve sur des questions aussi sensibles que délicates, a-t-il ajouté, ce qui augure bien d'une issue prochaine positive”. Mourad Medelci soulignera les progrès réalisés dans le cadre des consultations, en formulant le vœu qu'ils puissent ouvrir la voie à l'“engagement constructif et, finalement, à une plate-forme d'entente pour la relance des travaux de la conférence de désarmement”. Ces progrès historiques ont été salués par le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a souligné les derniers progrès constatés dans l'évolution des consultations, entre pays membres, sur la question du désarmement, rendant hommage à l'Algérie pour son rôle dans le déblocage de ce processus paralysé depuis dix ans. Il a notamment recommandé que la conférence de désarmement doit “sans tarder élaborer une stratégie globale” en matière de désarmement qui s'appuie sur le nouveau contexte international, mettant en garde que cela “n'est possible que si tous les Etats sont prêts à respecter leurs engagements en matière de non-prolifération nucléaire et à cultiver un climat propice au désarmement”. De son côté, la ministre suisse des Affaires étrangères, Mme Micheline Calmy-Rey, a affirmé que l'Algérie a joué un “rôle crucial” pour l'avancement des travaux de la conférence de désarmement des Nations unies. “C'est (...) pour moi un plaisir de saluer ici mon homologue algérien”, a-t-elle déclaré. Pour en revenir au programme de travail proposé par l'Algérie, il a été établi en tenant compte des diverses propositions présentées depuis 1999 et dans le souci qu'il soit “sans préjudice de toute position, proposition ou priorité passée, présente ou future de l'une des délégations et de tout engagement pris dans une autre instance multilatérale s'occupant du désarmement”. Il s'articule autour de quatre groupes de travail dont le premier, intitulé “Cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire”, vise à échanger des vues et des informations sur les mesures pratiques qui pourraient être prises pour aller systématiquement et progressivement de l'avant en vue de réduire le nombre d'armes nucléaires. Le second a pour mission de négocier un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires, sur la base du document CD/1299 du 24 mars 1995 et du mandat qui y est énoncé. Quant au troisième, intitulé “Prévention d'une course aux armements dans l'espace”, il sera chargé de l'examen de toutes les questions relatives à la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Enfin, le quatrième groupe, “Arrangements internationaux efficaces pour garantir les Etats non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes”, il aura à examiner toutes les questions relatives à ce sujet afin d'élaborer des recommandations. Aussi, sur le thème “Nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive, armes radiologiques”, le programme a nommé un coordonnateur spécial qui sollicitera les vues des membres de l'instance sur la question. Par ailleurs, deux autres coordonnateurs ont été nommés sur les thèmes “Programme global de désarmement” et “Transparence dans le domaine des armements”. Merzak Tigrine