Le nouveau secrétaire général de l'ONU a choisi, pour sa première sortie officielle, l'Europe et l'Afrique. Comme tout nouveau responsable des Nations unies, par ailleurs fort discréditées ces dernières années, le Sud-Coréen, Ban Ki-moon, qui fait sa première sortie officielle en Europe et en Afrique, est attendu au tournant pour voir comment il va appréhender les problèmes qui sont ceux du continent noir, particulièrement. En Europe, il sera mercredi à Bruxelles où il aura des entretiens avec le Haut commissaire à la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso et le nouveau président du Parlement européen, Hans-Gert Pottering. Un premier contact qui donnera à M.Ban la latitude d'aborder avec ses interlocuteurs européens, qu'il rencontrera séparément, quelques uns des points d'ordre qui font l'actualité européenne et internationale. Le secrétaire général de l'ONU assistera, par ailleurs, jeudi, à la Conférence internationale d'aide au Liban (Paris III) qui se tiendra dans la capitale française avec l'objectif de discuter des problèmes économiques et financiers que rencontre Beyrouth et des voies et moyens de venir en aide au pays du Cèdre. Mais c'est sur les conclusions de ses contacts avec l'Afrique -où il sera dès le 27 janvier et prendra part le 29 janvier au sommet de l'Union africaine, à Addis-Abeba- que Ban Ki-moon est attendu, d'autant plus que l'ONU a peu fait, ces dernières années, pour un continent embourbé dans moult difficultés aussi insolubles les unes que les autres. Le continent africain est aujourd'hui un continent sinistré où plusieurs guerres (civiles, de guérilla et autres rébellions) sévissent depuis plusieurs années à l'instar de ce qui se passe en Somalie, au Darfour, en Côte d'Ivoire, au Tchad alors que la démocratie en République démocratique du Congo (RDC) reste très fragile où est déployé le plus important contingent de maintien de la paix de l'ONU. C'est d'ailleurs en RDC, à Kinshasa, que le secrétaire général de l'ONU prendra pied pour la première fois en Afrique. Une RDC où, certes, les Nations unies ont été fortement impliquées depuis le mythique secrétaire général de l'ONU des années 60, Dag Hammarskjöld, mort justement au Congo-Kinshasa dans un accident d'avion. De fait, au lendemain de sa prise de fonction, Ban Ki-moon s'est fixé comme «priorité» la recherche de «progrès» au Proche-Orient, en Somalie et au Darfour. A propos de ce dernier M.Ban a affirmé que «la situation de crise au Darfour est placée très haut dans mon programme de travail, je vais y porter mon attention immédiatement» ajoutant: «En m'engageant dans le processus diplomatique, j'espère que nous serons en mesure de résoudre pacifiquement, le plus tôt possible, cette très sérieuse question». M.Ban qui assistera le 29 janvier au sommet de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba espère, selon des responsables de l'ONU, pouvoir évoquer avec le président soudanais, Omar El-Bechir, le déploiement dans la province soudanaise du Darfour, de casques bleus aux côtés des soldats de l'Union africaine déjà présents. Déploiement onusien auquel Khartoum s'est, jusqu'ici, opposée. Le secrétaire général de l'ONU examinera, d'autre part, avec les responsables africains, la situation prévalant en Somalie, avec la nouvelle donne induite par la défaite des tribunaux islamiques de même que l'aide que l'ONU peut apporter à l'UA appelée à déployer 8000 soldats afin de faciliter, d'une part, l'acheminement de l'aide humanitaire, d'autre part, consolider la paix et permettre la reconstruction du pays après quinze ans de guerre civile. Mais, outre les guerres déjà évoquées, le continent africain souffre, également, de plusieurs maux qui rendent son développement aléatoire. Parmi ces maux, il faut relever le sida qui fait des ravages en Afrique australe, la dépendance alimentaire de l'Afrique, de plus en plus dommageable pour le continent, le poids de la dette qui freine, sinon rend impossible tout projet de développement à long terme. Ceci sans insister sur l'hémorragie que constitue la fuite des cerveaux. Il est sans doute attendu beaucoup des Nations unies qui ne sont pas toujours -ou ne sont plus- en mesure de répondre aux demandes pressantes de l'hémisphère Sud du fait qu'elles ne sont pas, n'ont jamais été, maîtresses de leurs décisions. D'ailleurs, Ban Ki-moon reconnaît, en filigrane, ce fait, quand, lors de sa toute première déclaration en tant que nouveau secrétaire général de l'ONU, il déclara, en évoquant les défis qui l'attendent, que «tous ces défis doivent être affrontés collectivement, en mobilisant efforts et sagesse de manière collective», soulignant: «Personne, pas même le secrétaire général de l'ONU ne peut y faire face seul et aucun pays non plus, même le plus fort, le plus puissant, le plus riche en ressources» dans une allusion sans ambages aux Etats-Unis qui ont, à plusieurs reprises, mis l'ONU, ces dernières années, devant le fait accompli, notamment lors de l'invasion de l'Irak en 2003. Il n'en reste pas moins que le secrétaire général des Nations unies détient, de facto, un pouvoir énorme et son devoir est de mettre l'ONU au service des populations marginalisées, et les plus démunies de la planète, qui vivent en majorité sur le continent noir.