Le Conseil des gardiens, l'instance religieuse suprême de la République islamique d'Iran, a retenu trois lièvres, sur les 475 candidatures, pour les présidentielles du 12 juin. Il s'agit bien entendu de faire repasser le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad. A priori, rien ne s'oppose à cette perspective même si ses trois rivaux ont juré de le défaire. Le fameux Conseil a bien dosé la formule de cette présidentielle en choisissant contre leur protégé ultraconservateur un autre ultra, un néo conservateur et un réformateur. L'Institution des institutions n'examine que les candidatures de personnalités religieuses et politiques, fidèles aux principes de la République islamique et adeptes de l'islam chiite. On aura retenu que ce Conseil n'a pas hésité à signer sa misogynie en rejetant toutes les candidatures féminines, au nombre de 42 ! La seule nouveauté est qu'Ahmadinejad aura face à lui pour son deuxième mandat trois candidats favorables à une amélioration des relations avec les pays occidentaux et à un assouplissement des restrictions en Iran. Ils sont tous d'anciens responsables. Moshen Rezaï a dirigé les Gardiens de la révolution islamique, véritable armée idéologique du régime iranien, entre 1981 et 1997. Ultraconservateur, il s'est récemment joint à ses adversaires réformateurs pour critiquer la gestion économique du président sortant, un autre ultra conservateur. Un ancien Premier ministre, Mir Hossein Moussavi, aux commandes du pays entre 1980 et 1988, en pleine guerre Iran-Irak, défini comme un conservateur “modéré”, soutenu par les principaux partis réformateurs est considéré comme l'adversaire le plus sérieux. Se définissant comme un réformateur attaché aux principes de la révolution islamique, Moussavi compte rassembler le vote réformateur, plutôt ce qu'il en reste car le président Khatami a déçu le gisement avec ses compromis et atermoiements. Ce candidat doit faire avec le troisième prétendant, l'ancien président du Parlement, Mehdi Kharoubi, âgé de 72 ans et surnommé le “cheikh des réformes”. Kharoubi se déclare en faveur du changement, clin d'oeil évident au président américain, Barack Obama. Entre les trois candidats et le président sortant, la ligne de fracture est claire. Le candidat Ahmadinejad entend poursuivre l'œuvre du président : mise à nu d'Israël et poursuite du programme nucléaire iranien. Sur ce domaine, il est assuré du vote de l'establishment et d'une bonne partie des classes populaires par effet d'entraînement. Le grand problème pour Ahmadinejad est que la politique extérieure de la République islamique n'est toutefois pas au cœur des préoccupations des Iraniens. Les enjeux nationaux sont nombreux, dont ceux économiques. En la matière, le bilan d'Ahmadinejad est vivement critiqué avec l'explosion de l'inflation. Sa politique de redistribution de l'argent du pétrole au profit des classes populaires pourrait toutefois jouer en sa faveur le jour du scrutin. Le président sortant bénéficie par ailleurs du soutien déterminant du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.