Les instructions relatives à l'investissement étranger et aux importations ne seront pas abrogées, a soutenu le chef de l'exécutif. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé hier à l'occasion de sa réponse aux questions des députés sur le plan d'action du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale (APN) qu'“il n'y aura pas de retour en arrière de l'Algérie sur ses engagements avec les groupements économiques régionaux ou les organisations internationales”. Devant l'ensemble des membres du gouvernement et un hémicycle archicomble, le premier ministre dira dans un discours de plus de deux heures qu'“il n'y aura pas de retour en arrière sur l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE) ni sur celui portant création de la Zone arabe de libre-échange (Zale) ou encore l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC)”. Dans le même temps, M. Ouyahia affirmera que “l'Algérie se dirige résolument vers l'économie de marché qui n'est pas synonyme d'abandon des entreprises publiques”. Le premier ministre se fera plus précis sur cette question en expliquant que “les entreprises publiques, qui ont un potentiel et un marché, continueront à bénéficier du soutien de l'Etat”, avant de noter que “l'économie de marché travaille pour les intérêts de l'Algérie”. Enchaînant sur sa récente décision inhérente aux importations, obligeant les sociétés étrangères à s'associer avec un partenaire local, M. Ouyahia dira à ce sujet que “les sociétés étrangères, qui veulent activer dans le domaine du commerce en Algérie, sont tenues d'ouvrir à hauteur de 30% leurs capitaux.” La raison : “il faut qu'on sache ce qui se passe, de plus, nous voulons combattre l'économie de bazar et réduire les importations”, dira Ouyahia avant de noter que “l'une des conséquences attendues de cette mesure est la chute probable du volume des importations de l'Algérie”. Evoquant sur un ton grave l'importance des importations qui ont atteint, en 2008, la barre des 40 milliards de dollars, contre seulement 13 milliards de dollars en 2003, le premier ministre dira que “nous devons réduire les importations quel que soit le prix à payer !”. “Au rythme actuel, impossible de couvrir les importations” Le premier ministre indiquera sur le même sujet qu'il sera impossible de couvrir le volume des importations, en nette augmentation même si le prix du baril du pétrole remonte de façon significative. Enchaînant sur la question des crédits à la consommation, M. Ouyahia regrettera que certains citoyens pour l'achat d'un véhicule “compromettent l'alimentation de leurs enfants et font travailler les entreprises étrangères”. Donnant d'autres exemples dans la foulée, le premier ministre dira que “ce n'est pas normal que, quand on rentre dans une supérette, on trouve 10 marques de mayonnaise ou dans un magasin où l'on trouve 5 marques de pomme”. Aussi à propos des investisseurs étrangers, M. Ouyahia dira que l'apport du capital de l'algérien doit être à hauteur de 51%. “la structure des actions est telle que l'investisseur étranger s'occupera de l'investissement parce qu'en Algérie, nous n'avons pas un problème d'argent, mais plutôt un problème d'expérience.” Aussi et tout en évoquant le contrôle des transferts des fonds vers l'étranger, M. Ouyahia évoquera le marché algérien comme étant “attractif”. Mais, a-t-il nuancé, la meilleure défense de l'économie reste le comportement des consommateurs qui doivent encourager l'entreprise nationale en consommant local. Evoquant, par ailleurs, une question relative au Fonds de régulation posé par un député, M. Ouyahia annoncera qu'à chaque loi des finances, des informations seront données sur ce fonds. Dans le même temps, M. Ouyahia abordera la problématique du fonds souverain. “on nous a reproché le fait que l'Algérie n'a pas recouru au fonds souverain pour acheter des entreprises étrangères ?”, a-t-il affirmé avant de répondre : “il y a des pays qui ont perdu jusqu'à 300 milliards de dollars, mais les bons du trésor de l'Etat nous les conservons tout en sachant que nous ne sommes pas les seuls à adopter cette attitude. Quoi qu'il en soit, tout est fait”, dira M. Ouyahia pour une véritable relance économique dans notre pays. Il dira, à cet égard, que le président Bouteflika a engagé un programme intensif de rattrapages des différents déficits enregistrés par le pays depuis la crise économique et la tragédie nationale, tant en matière d'infrastructures de base. Le Premier ministre a rassuré, à cet égard, les députés sur les capacités de l'Algérie à concrétiser, du point de vue économique, le plan d'action du gouvernement. “L'Algérie a les moyens de réaliser l'ambitieux programme économique”, note-t-il en substance. Pour le prochain quinquennat, un million de nouvelles habitations est inscrit au programme et sera attribué avant mars 2014. “C'est dire que le défi est à la portée de l'Algérie”, dira M. Ouyahia. S'agissant des chiffres avancés sur le budget pour les cinq années à venir, estimé à 150 milliards de dollars, ils seront évoqués en détail après concertation avec les différents secteurs, dira M. Ouyahia. Le budget sera réparti selon les besoins exprimés par chaque secteur, a-t-il ajouté. Le premier ministre a rappelé, en outre, l'engagement du gouvernement à concrétiser certains des objectifs tracés dont la création de 2 millions de postes d'emploi. Cet objectif, a-t-il dit, a été largement atteint avec la création de plus de 4 millions de postes d'emploi, notamment dans les secteurs administratif, économique et les investissements dans le cadre des microcrédits. Sur la question des investissements, le Premier ministre a assuré que “l'Etat veillera à assurer toutes les conditions nécessaires à la promotion de l'entreprise à travers le foncier et le soutien financier aux promoteurs”. “10 000 ha de terrain attendent d'être investis à l'intérieur du pays”, notera M. Ouyahia. en outre, et en matière d'alimentation en gaz naturel, le Premier ministre a indiqué que le taux de raccordement au réseau de gaz est de 41% contre 31% en 1999. En 2014, il atteindra les 55%, soit “un taux qu'envient même les pays développés”, a-t-il considéré. Le coût de branchement en gaz naturel pour une ville de 40 000 habitants s'élève à 12 milliards de dinars, mais “l'Etat ne lésinera pas sur les moyens pour permettre au citoyen, quel que soit son lieu de résidence, de bénéficier du développement”.