Il a rappelé que les intérêts de l'Algérie priment et que ceux-ci «n'ont pas changé entre le mois de juillet et le mois de septembre». Pas de recul sur les dispositions prises dans la loi de finances complémentaire 2009. Usant d'un ton clair et précis, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a rompu le silence hier, à propos des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. Il a rappelé que les intérêts de l'Algérie priment et que ceux-ci «n'ont pas changé entre le mois de juillet et le mois de septembre». M.Ouyahia répondait aux questions des journalistes à l'Assemblée populaire nationale, en marge de l'ouverture de la session d'automne du Parlement. Même ton, même intransigeance affichés par le chef de l'Exécutif quelques mois auparavant suite à la batterie de mesures décrétées pour réorganiser le monde de l'investissement dans le cadre de la loi de finances 2008, touchant notamment les parts de marché et le transfert des bénéfices. Cette déclaration reflète l'image d'un gouvernement déterminé à aller jusqu'au bout dans son Plan d'action. Ouyahia laissera aussi entendre que les changements entrepris sont loin de répondre à des sautes d'humeur. «Ce qui nous intéresse ce sont les intérêts de l'Algérie et non pas ceux des autres», ajoute-t-il sur sa lancée. Avant de préciser que des mesures pratiques sont prises par les banques notamment. Le gouvernement compte sur l'appui du monde de l' économie pour clarifier sa démarche. Dans un autre chapitre, le Premier ministre rassure le patronat: «Nous espérons avoir un ordre du jour consensuel pour la tripartite», a-t-il répondu à une question relative aux craintes soulevées par le patronat quant à l'avenir de l'entreprise au regard des dispositions de la loi de finances complémentaire. Ce dernier a émis des réserves et reproche à M.Ahmed Ouyahia, son exclusion dans le processus de prise de décision. En effet, le patronat affirme qu'il est impératif de modifier l'ordre du jour de la tripartite compte-tenu des dernières mesures prises, notamment l'article 69 de la LFC exigeant que le paiement des importations s'effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire - lequel met en danger l'avenir de l'entreprise et dans le même sillage menace des milliers de postes d'emploi. Habib Yousfi, président de la Cgea, a même averti qu'«une entreprise qui n'a pas les moyens de préserver l'emploi ne peut pas s'engager à revoir la grille des salaires.» Hier, le Premier ministre a exprimé l'entière disponibilité du gouvernement au dialogue: «La tripartite se base sur le principe du dialogue» a-t-il dit avant d'ajouter que «les partenaires vont se rencontrer avant la tripartite pour discuter des points qui seront discutés lors de la tripartite». «L'affaire des moines de Tibhirine est franco-française» L'avenir de l'entreprise constitue l'épine dorsale du Pacte économique et social et requiert tout l'intérêt du gouvernement, souligne Ouyahia. Si l'ordre du jour de la tripartite n'est pas encore arrêté toutefois, trois dossiers s'y imposeront. Ouyahia cite l'investissement, le relèvement du Snmg et le Code du travail. Le Premier ministre est revenu hier sur le prix du ciment qui échappe totalement au contrôle de l'Etat: il avoisine les 800 DA sur le marché parallèle. Pour lui, les prix vont baisser dès que la quantité commandée par l'Algérie (1 million de tonnes), sera réceptionnée. Notons que le gouvernement face à l'impossibilité de stopper la spéculation sur ce produit a décidé de recourir à l'importation alors que la production nationale couvre largement les besoins nationaux. Concernant le projet d'ordonnance amendant la loi relative à l'eau, Ouyahia rappelle qu'elle vise à modifier et compléter la disposition portant interdiction d'extraction de matériaux alluvionnaires dans les lits des oueds, assortie d'une transition de deux ans durant lesquels l'extraction est autorisée sous le régime de la concession. Le gouvernement, selon lui, s'est vu dans l'obligation «de composer» afin d'éviter l'arrêt des chantiers. Interrogé sur «l'affaire» des moines de Tibhirine, le Premier ministre a rappelé que cette question ne concerne pas l'Algérie. «Le dossier de Tibhirine est une affaire franco- française», a-t-il déclaré hier à l'APN. Partant de ce principe, le Premier ministre s'est refusé à faire des commentaires sur les rebondissements de cette affaire, publiés depuis quelques jours par la presse française. En effet, jeudi, le quotidien l'Express a révélé qu'une demande de levée du secret- défense a été adressée à trois ministères français dans l'enquête sur la mort en Algérie, en 1996, des sept moines français. Cette demande a été adressée par l'avocat des familles à la suite des déclarations faites étrangement cette année par le général François Buchwalter, attaché militaire à l'ambassade d'Alger en 1996, selon lesquelles que les moines de Tibhirine n'avaient pas été tués par les islamistes qui les retenaient prisonniers mais par l'armée algérienne lors de l'assaut donné «aux insurgés»