Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa C'est sans surprise aucune que l'Assemblée populaire nationale a adopté, à une écrasante majorité, le plan d'action du gouvernement. Comme on s'y attendait, le RCD a voté contre, tandis que le Parti des travailleurs a choisi l'abstention. Ce vote est intervenu après la réponse du Premier ministre à toutes les préoccupations mais aussi critiques des parlementaires lors des débats. D'emblée, Ahmed Ouyahia a déclaré que le gouvernement prendra en considération certains points de vue positifs, des critiques constructives des députés. Par contre, il a précisé que son équipe a eu droit eu droit à un véritable procès politique, en allusion aux élus du RCD, auxquels il a refusé de répondre : «D'abord parce que je représente le gouvernement de la République démocratique et populaire», lancera-t-il aux députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie. Non sans préciser que «le peuple algérien en a assez de la violence et de la surenchère. C'est la raison pour laquelle il a soutenu la réconciliation nationale, à l'image des Patriotes». Ahmed Ouyahia s'appuiera sur l'exemple des populations de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui ont subi les menaces et la violence (allusion faite à ceux qui se sont fait appeler les aarouch), mais qui ont su exprimer leur position le 9 avril en allant massivement aux urnes. «Notre soutien c'est également la majorité silencieuse de ce pays qui s'est rendue en grand nombre dans les bureaux de vote». La réponse du Premier ministre s'est articulée sur trois axes. Le premier est relatif au plan d'action lui-même, les députés lui avaient reproché l'absence de délai, de chiffres. Le deuxième consiste en un éclairage sur la philosophie du plan en réponse à certaines interventions. Le dernier concerne la relation entre, d'une part, le gouvernement et l'administration et, d'autre part, entre le gouvernement et les parlementaires. Pour ce qui est du bilan, absent dans la présentation du plan d'action, Ahmed Ouyahia rappellera à l'assistance qu'il s'est déjà présenté dans ce même hémicycle en décembre dernier pour faire le bilan. Quant à l'absence des priorités, il dira : «Tout est prioritaire parce que tout est lié.» Cependant, toujours égal à lui-même, le Premier ministre finira par donner quelques chiffres sur l'emploi avec ses différents dispositifs, les PME, etc. Il reviendra par contre sur la réconciliation nationale avec ses ramifications (victimes du terrorisme, prise en charge des victimes de la tragédie nationale, dont les disparus, familles de terroristes tués et Patriotes). Il dira que les dossiers sont pris en charge, comme sera pris en charge très bientôt le dossier des Patriotes. Par ailleurs, Ouyahia présentera les excuses du gouvernement aux militaires, notamment les appelés, qui étaient engagés dans la lutte antiterroriste et qui ont subi des blessures ou sont décédés. «Nous les avons effectivement négligés mais nous nous engageons à régler leurs problèmes.» L'élargissement de la réconciliation nationale est, selon Ahmed Ouyahia, tributaire de la poursuite de la lutte antiterroriste tout en laissant la porte ouverte à ceux qui veulent se repentir, mais aussi la mobilisation et la vigilance des citoyens pour contrer ce fléau. «A ce moment-là, il en sera référé au peuple, seul détenteur de la décision». Revenant sur les critiques émises quant à la traduction en langue arabe des dossiers et autres documents destinés à la justice, le Premier ministre dira que la décision est irrévocable. Avec cette précision que ce ne sont pas tous les documents qui sont concernés par cette mesure. Quant au coût exorbitant de la traduction, Ahmed Ouyahia informera qu'il n'est pas exclu que le gouvernement prenne un décret exécutif pour fixer les prix. Les démunis, eux, auront droit à l'assistance judiciaire conformément aux dispositions du code de procédure civile et administrative. L'hôte de l'APN indiquera également, toujours dans le cadre de la réforme de l'Etat, que l'informatisation des services de l'état civil est en phase d'être opérationnelle. Comme il précisera que la formation sera une priorité dans les différentes administrations. Ahmed Ouyahia marquera une halte, pour lancer un message au SNAPAP, sans le citer en disant : «Il n'est pas question que 1 600 000 fonctionnaires soient pris en otages», dans une allusion aux rémunérations et statuts. «Nous refusons l'exercice du chantage sur la République. On a pris des mesures pour les médecins spécialistes, dont certains enseignent à l'université, et qu'on aimerait voir plus souvent dans les hôpitaux et non pas dans les cliniques privées.» Enfin, Ahmed Ouyahia abordera le volet économique en commençant par le contrôle. Celui-ci se fera à tous les niveaux : circuit commercial, marché du travail. La loi organique sur les lois de finances présentée en automne prochain M. Ouyahia annoncera aux députés, en réponse à plusieurs questions liées à l'absence d'une législation sur le contrôle d'exécution du budget voté chaque année, que le gouvernement présentera en automne prochain le projet d'amendement de la loi organique relative aux lois de finances qui date de plus de 25 ans. Il rappellera toutes les mesures prises par les pouvoirs publics concernant l'encouragement à l'investissement. «Le choix de l'économie de marché est irréversible, dira-t-il. Mais une économie de marché qui va dans le sens des intérêts du pays. D'ailleurs, nous combattrons l'économie de bazar et nous lutterons pour la réduction des importations.» Tout comme sont irréversibles les engagements internationaux de l'Algérie, comme l'accord d'association avec l'Union européenne (qui sera rediscuté prochainement, selon Ouyahia), le processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce ou encore la récente adhésion à la Grande zone arabe de libre-échange. Le Premier ministre a plaidé pour que le développement sorte des grandes villes pour endiguer l'exode rural. «Il y a 10 000 ha du domaine foncier qui attendent des preneurs. Le sud du pays et les Hauts-Plateaux ne sont pas exploités». Sur un autre registre, il appellera les producteurs, collecteurs et transformateurs de lait à cesser de faire dans la surenchère et se mobiliser pour lutter contre les lobbies. Il appellera également les travailleurs des entreprises publiques à préserver leur outil de production, rappelant que l'Etat a décidé d'assainir les entreprises publiques viables et disposant d'un marché. La jeunesse, dont M. Ouyahia dira qu'elle a été la victime de toutes les crises, bénéficiera, elle, de plusieurs mesures. Dans le cadre des microcrédits, les banques ont été instruites pour octroyer les projets dès lors qu'ils ont obtenu le quitus d'éligibilité. Un quota dans les zones industrielles sera réservé aux jeunes. Ils bénéficieront également d'un taux de bonification de 60% au lieu de 50% actuellement.Le Premier ministre abordera le troisième axe relatif aux relations entre le gouvernement et l'administration, d'une part, et entre le gouvernement et les parlementaires, d'autre part. Il dira que les codes de commune et de wilaya seront présenté au Parlement au cours de cette année. Le statut de l'élu local sera également à l'ordre du jour (il peut faire l'objet d'une loi ou d'un décret exécutif). Tout comme le projet de loi sr la fiscalité locale. Enfin, concernant la relation entre le gouvernement et le Parlement, Ahmed Ouyahia demandera aux élus, de manière indirecte, d'user de leurs prérogatives, de contrôle notamment. Il leur annoncera qu'une instruction qu'il signera lui-même sera adressée aux 48 walis avant le 15 juin. Elle disposera que les premiers magistrats des wilayas seront tenus de recevoir les députés, lorsqu'ils le demandent. Tout comme elle disposera que les élus de la nation ont le droit de regard et de suivi sur tous les programmes de développement local. F. A. Pour éviter les blocages au sein des APC, le mode de scrutin sera révisé La loi sur le régime électoral sera présentée incessamment au Parlement. L'annonce a été faite hier par le Premier ministre à l'occasion de sa réponse aux interrogations des députés relatives au plan d'action du gouvernement. Ahmed Ouyahia a évoqué les différents blocages qu'ont connus et connaissent encore certaines APC. Une situation née du mode de scrutin à la proportionnelle intégrale introduit dans le code électoral. «Il nous faut une majorité stable pour éviter les blocages qui retardent la prise en charge des besoins des citoyens.» Aussi, il n'est pas exclu qu'on s'achemine vers un mode de scrutin majoritaire. C'est d'ailleurs la revendication récurrente du FLN, qui ne s'est jamais expliqué, par la voix de son secrétaire général, que l'exécutif d'une APC fonctionne sans majorité. Il a même mis en place une commission composée des cadres du parti pour émettre des propositions dans ce sens. F. A.