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Un harraga raconte
Témoignage
Publié dans Liberté le 27 - 05 - 2009

Kamel, 24 ans, est harraga. Quittant Oran en 2003, il fait partie des premiers à avoir tenté cette traversée périlleuse dans l'espoir d'une vie meilleure en France.
Visa pour la France refusé à de multiples reprises, Kamel opte pour ce nouveau phénomène en Algérie : faire la traversée dans une embarcation de fortune.
Samedi 14 juin, alors qu'il fumait tranquillement un joint, tout en écoutant de la musique dans sa chambre, son passeur l'appelle et lui dit : “Tu pars ce soir, prépare les 120 000 dinars.” En deux trois mouvements, Kamel prépare son sac à dos avec quelques vêtements. Il ne souhaite pas paniquer sa mère, il lui raconte qu'il va travailler quelques jours à Oran. Avant de se rendre sur le lieu du rendez-vous, pour la toute première fois de sa vie, Kamel va à la mosquée pour prier et demander l'aide d'Allah. Ensuite, direction une plage de Mostaganem près d'Oran.
Il arrive à 14h, donne l'argent au passeur, rencontre ses compagnons d'aventure et découvre le Zodiac. Pour échapper à la police côtière, le départ se fera dès la tombée de la nuit. Ce soir-là, trois Zodiacs partiront avec chacun à son bord huit passagers. Un gilet de sauvetage pour tout le monde, huit bidons d'essence, une boussole, un GPS, et un pneu pour déposer leurs affaires et leur équipement. Toujours dans l'optique de ne pas se faire prendre par la police, les trois bateaux de fortune partiront l'un après l'autre. Ils se retrouvent au large et poursuivent la traversée ensemble. Elle durera près de 35 heures. Le GPS ne fonctionne pas, la boussole très approximative demeure leur seul point de repère. La nuit noire. “J'avais peur. Nous ne voyons rien. Sauf les gros cargos qui provoquent les grosses vagues et risquent à tout moment de nous faire chavirer. Nous ne pouvions
pas bouger. Je flippais à mort, je commençais à regretter”.
Complètement perdus dans la Méditerranéesans point de repère
L'ambiance était à la rigolade à tel point que certains ont pris des photos. Cependant, lui qui venait de prier pour la première fois s'est refusé de boire. “Je me suis dit, si je dois mourir, je veux être blanc comme neige”. Lundi vers minuit, fusionnement de joie, Kamel et ses sept compères aperçoivent au loin les côtes espagnoles. La première étape est terminée. Une fois arrivés en Espagne, pas le temps de récupérer, il faut échapper à la police, aux gardes-côtes, à la marine et même un hélicoptère comme comité d'accueil. “J'avais l'impression d'être traqué comme un vulgaire terroriste. Nous nous sommes tous sauvés chacun de
son côté, je n'ai plus jamais revu personne.
J'ai couru vers la montagne, je suis arrivé dans un petit village : Morsia”. Dieu merci, je suis en France
Premier réflexe de Kamel, dès qu'il est à l'abri, sur une plage, il appelle sa mère pour lui dire qu'il est en Espagne et que tout va bien. Tout de suite après, deuxième coup de fil à un ami de son frère à Perpignan pour qu'il vienne le chercher. Sur la plage, tôt le matin, Kamel rencontre un vieux pêcheur. Ce dernier comprend immédiatement que c'est un clandestin. Par crainte d'être dénoncé, il prend la fuite et marche 20 km de côte. Le lendemain vers 22h30, son ami arrive. Ils se retrouvent. Il a avec lui la carte d'identité française de son frère. Sur la photo, ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Direction la France et plus précisément Perpignan, mais là encore tout n'est pas encore forcément gagné.
À Barcelone, un policier les arrête pour vérification d'identité. Heureusement tout se passe comme sur des roulettes, ils poursuivent leur route. À la frontière entre la France et l'Espagne, pas de policiers. Kamel dit alors hamdoulallah, — Dieu merci —, je suis en France. Pendant un mois, il vit chez son frère et travaille comme peintre en bâtiment. Le 16 juillet, il arrive enfin à sa destination finale : Paris. Une ville qu'il connaît bien pour y avoir habité avec ses parents pendant 4 ans. À 18 ans, il n'a pas pu obtenir un titre de séjour et s'est fait expulser un an plus tard. En Algérie, il a ouvert un commerce mais pour Kamel sa vie, ses rêves sont en France. “La France, c'est la liberté, au bled nous ne pouvons rien faire, nous sommes comme des prisonniers, nous ne pouvons pas voyager. En Algérie, j'avais un commerce, une situation mais je me sens plus libre en France”.
Désormais, Kamel habite dans l'appartement de ses parents dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il travaille dans les marchés au jour le jour, et est payé au black. Sa plus grande hantise est d'être à nouveau expulsé. “Je crains de retourner en Algérie, je souhaite plus que tout de rester en France. Je préfère même être en prison en France que de devoir retourner là-bas. Je suis chez moi en France, je ne veux pas la nationalité française, je désire juste m'installer et faire ma vie. J'y resterai le temps qu'il faut. Je ne me prends pas la tête. Je laisse faire marcher le destin”. En cas d'expulsion, Kamel n'envisage pas de retraverser la Méditerranée. “Dans ma tête, je ne mettais pas imaginer que c'était aussi dangereux, J'ai risqué ma vie bêtement, je ne le referai pas, car je sais pertinemment que j'ai eu de la chance d'être encore en vie. Et en France”. Deux jours après son départ, il apprend à la radio que les Zodiacs ont chaviré, et il n'y a pas eu de rescapés.
Emilie Marche


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